For privacy reasons YouTube needs your permission to be loaded. For more details, please see our Politique de confidentialité.
I Accept


Beethoven aurait été franc-maçon.

Souvent murmurée, jamais confirmée, l’idée que le compositeur allemand aurait appartenu à une loge maçonnique connaît aujourd’hui un nouvel épisode avec la parution sur le sol américain du dernier opus du musicologue Maynard Solomon (1), déjà auteur d’un Beethoven (1977), publié en France chez Fayard, dédié aux dernières années du maître de Bonn.

S’il n’existe aucune preuve formelle de l’adhésion du maître de Bonn à une quelconque loge maçonnique, la consultation minutieuse du journal intime qu’il tint de 1818 à sa mort autorise le musicologue américain à émettre sérieusement cette hypothèse : certaines pages contiendraient de nombreuses références que seule une proximité avec la franc-maçonnerie pourrait expliquer.

Stéphane Haïk – Revue Répertoire du mois d’octobre 2003, dans la rubrique « Les indiscrétions de Stéphane Haïk » (p.12)- Information aimablement communiquée à Arcadia par Philippe Gueit, professeur de musicologie à l’université d’Aix-en-Provence.

(1) On trouvera aisément l’ouvrage en question, en langue anglaise sur amazing.com.

En illustration : L. Van Beethoven, portrait à l’huile de J.W. Mälher – 1817.

« Ce sourd entendait l’infini. » (Victor Hugo)

LA MORT DU HÉROS

Ludwig van Beethoven s’éteint le 26 mars 1827. Le compositeur Anselm Hüttenbrenner témoigne à son chevet :

« Après cinq heures, il y eut soudain un éclair et un claquement de foudre terrifiant, et la chambre du mourant s’illumina… Après cette étonnante manifestation naturelle, qui me fit un choc incroyable, Beethoven ouvrit les yeux, leva la main droite et porta quelques secondes son regard au loin, le poing fermé, avec dans les yeux une expression très grave, terrifiante… Comme il laissait sa main retomber sur le lit, ses yeux se fermèrent à demi. De la main droite, je lui soutenais la tête, et ma main gauche reposait sur sa poitrine. Plus de souffle, plus de battement de cœur. »

La ville de Vienne, qui n’a pas toujours été juste avec le compositeur, lui rend un hommage magnifique. De grandioses funérailles sont organisées où environ 20 000 personnes sont là pour témoigner leur respect. Parmi les porteurs de cierges, on compte Czerny, Schuppanzigh, Grillparzer et Franz Schubert. Aux grilles du cimetière, l’acteur Heinrich Anschütz, un des derniers amis de Beethoven lit l’oraison funèbre écrite par Franz Grillparzer :

« Nous qui nous nous tenons là autour de la tombe de celui qui n’est plus, nous sommes en quelque sorte les représentants d’une nation, le peuple allemand tout entier ; quelques-uns réunis pour pleurer la fin d’une part glorieuse de ce qui nous restait encore de l’éclat évanoui de notre terre natale, de l’efflorescence spirituelle de la mère patrie. Le héros de la poésie allemande Goethe vit encore, puisse-t-il vivre longtemps. Mais le dernier maître des sons et de la mélodie, le médium inspiré a travers qui parlait la musique, l’homme qui hérita de la renommée immortelle de Haendel, de Bach, de Haydn, de Mozart et les porta à leur plus haut degré, celui-là n’est plus ; et nous voici pleurant sur les cordes brisées d’un instrument qui s’est tu… Un instrument désormais silencieux.

Qu’il me soit permis de le désigner ainsi ! Car c’était un artiste, et ce qu’il était, il ne l’était que par son art. Les épines de la vie l’ont écorché jusqu’au sang, et comme le marin naufrage s’évertue à gagner le rivage salvateur, il a volé dans tes bras, ô musique, sœur merveilleuse du bien et du vrai, consolatrice des affligés, art qui vient de tout là-haut ! … C’était un artiste, et qui oserait se mesurer à lui ? … Il a tout traversé, il a tout embrassé. Celui qui met ses pas dans les siens ne peut plus poursuivre ; il doit recommencer du début, car là où son prédécesseur s’est arrêté, l’art lui-même s’arrête…

C’était un artiste, mais un homme aussi, un homme à tous les sens du mot, à son sens le plus noble parce qu’il s’est détourné du monde, on l’a déclare hostile, et sans cœur parce qu’il était pudique. Ô, celui qui se sait endurci ne fuit pas ! …Il s’est détourné de ses semblables parce qu’il avait tout donné sans rien recevoir en retour… Mais dans la mort, il a gardé pour tous les hommes un cœur compatissant, le cœur d’un père pour les siens, et les siens, c’est l’humanité tout entière.

Ainsi il a vécu, ainsi il est mort, ainsi il vivra a jamais ! »

Jean-Marc Goossens ©

sur le remarquable site consacré au compositeur
http://perso.wanadoo.fr/l.vanbeethoven/