« Les Templiers y sont toujours pour quelque chose… »

Umberto EcoLe Pendule de Foucault

« En cet an, également, tous les templiers du Royaume de France, par le commandement de ce même roi de France, avec la permission et l’assentiment du souverain évêque Pape Clément, le jour du vendredi après la fête de Saint Denis, comme en l’espace d’une heure, soupçonnés de détestables et diffamatoires crimes, furent pris par tout le royaume de France, et en diverses prisons mis et emprisonnés. »

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Enluminure du manuscrit ms fr 229, fol. 383, Les Templiers sur le bûcher.

Il y a 700 ans jour pour jour, le vendredi 13 octobre 1307, au petit matin, tous les Templiers de France furent arrêtés sur ordre du roi Philippe IV le Bel. En ce Dies nefastus qui marqua au fer les sept siècles qui suivirent, la trame fulminante de l’Histoire ne pouvait inéluctablement qu’engendrer une légende rouge sang emplie de trésors mystérieux et d’initiations secrètes… La chute de Saint-Jean-d’Acre en 1291 préfigurait déjà l’ultime destinée d’un Ordre de moines soldats plus enclins à la bataille qu’aux laudes telles que les préconisait saint Bernard en son temps, et le bûcher à venir sept ans plus tard, à la suite immédiate de ce 13 octobre 1307, ne fut en réalité qu’un point d’orgue et définitif d’une chronique tragiquement annoncée. L’Ordre du Temple avait vécu – Memento Finis – il lui appartiendrait, si cela était en son pouvoir, de renaître de ses cendres… « Al Cap de Set Cents Ans Verdeja lo Laurel ! » Une prophétie cathare signalait au temps de Montségur, que passé le cap des sept cents ans le laurier refleurirait… Les temps s’approchent, assurément, et le symbole de paix couronnera sans doute le chef des plus audacieux. Le personnage du chevalier n’est-il pas l’honneur de l’humanité, comme le suggère Victor-Emile Michelet, et c’est bien cet archétype d’homme différencié, debout parmi les ruines, qui devra resurgir demain pour remettre dans une noble voie le monde moderne prêt à s’enliser dans quelques épaisses vasières…

TEG
TEG – Octobre 2007

> [Paléographie]

Parchemin de Chinon –

Absolution du pape Clément V

aux chefs de l’Ordre des Templiers

Chinon, diocèse de Tours, 17-20 août 1308

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Il s’agit d’un exemplaire original, constitué d’une seule feuille de grandes dimensions (700×580 mm), qui était à l’origine accompagnée des trois sceaux des trois légats apostoliques qui formaient la commission spéciale apostolique ad inquirendum nommée par Clément V : Bérenger Frédol cardinal prêtre titulaire de l’Eglise des s. Nereo et Achille, et neveu du pape, Etienne de Susy, cardinal prêtre de S. Ciriaco in Therminis, Landolfo Brancacci, cardinal diacre de S. Angelo. Le document est dans un assez bon état de conservation, malgré la présence de nombreuses taches violacées très visibles du fait d’attaques bactériologiques. Une copie authentique était jointe à l’original, et est toujours conservée par les Archives Secrètes Vaticanes, avec la référence suivante: Archivum Arcis, Armarium D 218. Le document contient l’absolution accordée par Clément V au dernier grand maître des templiers, le frère Jacques de Molay, ainsi qu’aux autre chefs de l’ordre après qu’ils aient fait acte de repentance et demandé le pardon de l’Eglise; après l’abjuration formelle, obligatoire même pour ceux qui étaient seulement soupçonnés d’activités hérétiques, les membres de l’Etat Major des Templiers sont réintégrés dans la communauté catholique, et de nouveau autorisés à recevoir les sacrements. Le document appartient à la première phase du procès contre les Templiers, quand Clément V était encore convaincu de pouvoir garantir la survie de l’ordre religieux-militaire, et répond à la nécessité apostolique de lever pour les moines-guerriers l’infamie de l’ex-communication à laquelle ils s’étaient tout d’abord eux-mêmes condamnés, maintenant qu’ils admettaient avoir renié Jésus-Christ sous la torture de l’Inquisiteur français. Comme d’autres sources de la même époque le confirment, le pape soutient que des comportements condamnables s’étaient bien introduits parmi les Templiers, et prévoit une réforme radicale de l’ordre, pour le fondre ensuite dans l’autre ordre religio-militaire, celui des Hospitaliers. L’acte de Chinon, qui absout les Templiers mais ne les décharge pas de leurs responsabilités, était le présupposé de la réforme, mais resta lettre morte. La monarchie française réagit par un véritable chantage, qui contraignit le pape au compromis ambigu de 1312, durant le Concile de Vienne : ne pouvant s’opposer à la volonté du roi Philippe Le Bel qui réclamait l’élimination de l’ordre des Templiers, le pape fit sortir l’ordre de la réalité concrète, sans pour autant le condamner ou l’abolir, mais plutôt en l’isolant dans une sorte d’ « hibernation » par une habile utilisation du droit canon. Après avoir expressément déclaré que le procès n’avait pas prouvé les accusations d’hérésie, Clément V suspendra l’ordre des Templiers dans une sanction non définitive, afin d’obéir à la nécessité supérieure d’éviter de graves troubles pour l’Eglise, avec interdiction de continuer à user le nom ou les signes distinctifs de l’ordre sous peine d’ex-communication.

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> [AVIGNON 2007]

La commémoration de ce sept-centenaire [1307-2007], aura lieu le 13 octobre & 14 octobre 2007 au milieu du Rhône, en l’Ile de la Barthelasse en face du Pont d’Avignon et du Palais des Papes, pour la fête de la Rose d’Or. Marc Dagand, Sénéchal de la troupe médiévale des Blancs Manteaux et ses chevaliers défileront dans la Cité fortifiée le samedi 13 octobre 2007 et camperont durant tout le week-end sur l’Ile de la Barthelasse, en compagnie du plus grand rassemblement de troupes médiévales d’Occitanie.

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Un événement à ne pas manquer pour tous les amoureux de l’Ordre du Temple et du Moyen Age, en général. Notre envoyé spécial pour la Lettre de THOT, Thierry de Beaumont, sera présent durant tout ce week-end mémorable, en tenue de sergent templier à Avignon sur les lieux du campement, à l’invitation du Sénéchal des Blancs Manteaux et participera aux différentes reconstitutions historiques. Vous trouverez un compte-rendu exhaustif de la commémoration de ce sept-centenaire plus bas.

La Lettre de THOT – Octobre 1307-2007.

En illustration : Thierry E Garnier, Marc Dagand, Sénéchal des Blancs Manteaux et Bernard Falque de Bezaure, Historien de l’Ordre du Temple en Provence & la troupe des Blancs Manteaux, dans la chapelle Sainte-Philomène à Comps-sur-Artuby, en septembre 2007.