Elle est pas belle la vie ? Le life-recorder (littéralement un enregistreur de vie) est l’un des derniers gadgets high-tech que les industriels nous proposeront bientôt. Combinant les technologies à la base des caméscopes miniatures, celle des clés USB à grande capacité, un récepteur GPS et une connexion au réseau téléphonique, il s’agit d’un petit appareil que vous porterez autour du cou et qui enregistrera les images et les sons en continu (pour l’instant, les odeurs et le reste viendront après) ainsi que votre position où que vous soyez dans le monde. Là où cela devient intéressant c’est que cet appareil aura une capacité telle que l’on pourra l’allumer à la naissance et ne l’éteindre qu’au dernier souffle de son porteur. Bien entendu, le life-recorder enregistre sans possibilité d’effacer, tout instant étant considéré comme tellement précieux qu’il ne faut pas risquer de le perdre. Voyez dans cette vidéo de 2001 (déjà dépassée) tous les usages merveilleux de ce dispositif. Vous pensez que c’est de la science-fiction ? A peu près autant que lorsqu’on imaginait il y a quelques années pouvoir emporter sa bibliothèque, sa filmothèque et être connecté à des milliards d’êtres humains à tout moment, ce qui resta inimaginable jusqu’à ce que sorte l’iPad. Mais ce qui interpelle dans le life-recorder n’est pas la performance technique incontestable, mais l’invasion de la vie privée par un œil objectif dont on imagine bien l’usage que peuvent en faire les divers pouvoirs économiques ou politiques. Oh bien sûr, comme pour les téléphones portables, il ne sera pas obligatoire… au début. Mais il suffira d’une bonne campagne d’« information » sur son apport décisif dans une affaire de mœurs sur mineurs pour que son utilisation devienne au minimum fortement recommandée. Ainsi constatez que de nos jours, ne pas avoir de téléphone portable est devenu totalement politiquement incorrect, cela vous rend immédiatement louche ; soit vous en avez un dont vous ne voulez pas donner le numéro, ce qui fait de vous un suspect de vouloir cacher quelque chose, soit vous n’en avez réellement pas et cela fait de vous un asocial capable de toutes les turpitudes… Une autre analogie du life-recorder avec le téléphone portable est la lente mais inéluctable invasion de la vie privée : il est dorénavant possible aux « autorités » (et aux petits malins) d’allumer le micro de votre téléphone à distance pour vous écouter vous et ceux qui vous entourent, savoir où vous êtes (encore plus facile si votre téléphone possède un GPS) voire allumer la caméra qui avec un peu de chance permet de voir en plus d’écouter. Ceci bien entendu en sus de savoir à qui vous téléphonez et qui est dans votre annuaire et quel genre de photos vous prenez. Un mari suspicieux n’a nul besoin d’engager un détective de nos jours. Je suis toujours stupéfait de voir avec quelle nonchalance les individus laissent envahir leur vie privée (voir la fournissent directement cf. Facebook ou autres réseaux sociaux) pour après se rendre compte qu’ils sont la proie au mieux des publicitaires amoraux et au pire des censeurs moralistes ou paranoïaques de tout poil dont le monde post-11 septembre regorge. Essayez d’avoir un ami prénommé Oussama sur Facebook et d’aller aux USA en avion. Comme quoi Georges Orwell avait raison sur tout sauf sur un point : en plus, les gens payent pour avoir l’œil de Big Brother constamment braqué sur eux ! >[BdG]

PS : Microsoft, toujours sur les bons coups, montre ici son idée de la chose. On commence déjà à nous expliquer comme c’est utile pour les gens atteints d’Alzheimer ou qui pourraient l’être un jour. Jouer sur la peur, de nos jours c’est imparable. Heureusement, avec la technologie Microsoft, l’appareil sera vite envahi de bugs, virus et autres logiciels incrustant des publicités pour des sites douteux dans les enregistrements ou envoyant votre numéro de carte bancaire en Russie et il ira rejoindre rapidement le Zune dans les poubelles de l’histoire…