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Livre rare d’un géographe précurseur écrit vers la fin de sa vie, au début du XXème siècle. Pierre Foncin (1841-1916) donne ici une étude détaillée sur les territoires (on y trouve même la localisation de villages dont il ne reste aujourd’hui que quelques pierres), la géologie, la flore, la faune, et les populations ; sur l’histoire aussi, notamment avec la peu connue République de Saint-Tropez ou la chartreuse de La Verne.

Extrait du dernier chapitre, consacré aux autochtones :

Les habitants des Maures et de l’Estérel sont en général de taille moyenne ; ils ont la tête ronde et grosse, la bouche petite, les yeux noirs, les sourcils épais, le teint basané. Ils sont volontiers indolents au travail, mais ardents au plaisir et au jeu. Dès qu’ils sortent de leur réserve naturelle vis-à-vis de l’étranger, ils se montrent curieux et parleurs. Leur sensibilité est médiocre. Ils sont économes, avisés, inventifs. Ils ont une extrême répugnance pour toute domesticité. Ils sont très attachés à leur pays, émigrent peu et considèrent d’instinct l’agriculture comme le plus noble métier. Mais ils prisent aussi beaucoup l’exercice de l’autorité : ils se font volontiers soldats, marins ou douaniers, entrent dans la gendarmerie ou la police, briguent des emplois dans les administrations publiques telles que les Postes, et dans les Chemins de fer. (…)

Les femmes ont la taille bien prise ; elles sont alertes, de fière allure, médiocrement laborieuses. Les mariages sont relativement nombreux, mais peu féconds. Les enfants sont très souvent chétifs en bas âge et leur mortalité est considérable. (…)

On mange très peu de viande, beaucoup de poisson. On boit du vin largement, on ne consomme que trop d’absinthe, on fume des quantités de cigarettes. On aime la société, la veillée en commun, le commérage sur les portes, la flânerie sur les places, la réunion au café, le cercle. On adore le jeu : soit les cartes, soit les boules. On est resté fataliste ; on se résigne aisément aux pires maux.

« Cela devait arriver » est une expression courante. On est superstitieux : les remèdes les plus extravagants sont en honneur et les sorciers ou masques sont toujours vaguement redoutés. (…)

Le sentiment religieux est peu développé. La religion dominante est celle des intérêts positifs.