Au demeurant lorsque l’on trouve clairement indiqué ce symbole de la « Fortune », inscription ou autre, nous ne sommes jamais bien loin des mystères du « Songe de Poliphile » – (cf. l’œuvre de Francis Bacon, par exemple). On retrouve à Brou une véritable et très curieuse « Fontaine de Fortune »… qui mérite quelques explications de texte. En effet les fonts baptismaux ou baptistère viennent étymologiquement de FONS (en latin) : qui signifient source, fontaine, or cette fontaine porte la crédence « fortune infortune », c’est donc bien – allégoriquement – une « FONTAINE DE FORTUNE » (d’où la tradition de jeter des pièces dans les fontaines pour attirer la bonne Fortune…). Or, la « FONTAINE DE FORTUNE » renvoie aussi, comme nul ne l’ignore, à une illustration réalisée pour René d’Anjou dans son œuvre cryptée « Le Cuer d’Amour espris », imagerie fort singulière encore parfois appelée « fontaine d’Arphays », et sans doute à juste titre, identifiée par analogie au tombeau de Dagobert II, tué en forêt de Woevre prés de Stenay. Il faut noter que, si l’on observe attentivement, on trouve à Brou sur cette fontaine : des têtes de lions, emblèmes de la lignée de David, (lion de Judée), tels que les illustrations du « Songe de Poliphile » permettent exactement de les représenter. On découvre encore et surtout les fameux « LACS D’AMOUR »… bien connus en Franc-Maçonnerie, au XVIIIe siècle, mais aussi, et bien avant, comme symboles de… L’Ordre de l’Annonciade, souché comme nous le savons sur la branche de Savoie, et lié assurément aux Fidèles d’Amour auxquels le grand initié Dante Alighieri fut apparenté. On y trouve ainsi l’équation : Lion + Eau = branche de la lignée des Léon d’Acqs (descendants Desposini – inutile de développer pour l’instant), mais cette fontaine ne ressemble-t-elle pas à une coupe du Graal, indice précieux et du précieux sang ? Cet élément important fut trouvé grâce à l’étude que j’ai pu réaliser sur des bas-reliefs (à l’étranger) qui m’amenèrent, de fil en aiguille, si je puis dire, à un certain pape avignonnais, aux Humanistes Gouliards, à Marguerite d’Autriche et à son mari Philibert de Savoie… Il apparaît également dans ce monastère de Brou, qu’une frise, dans la pierre sculptée, représente une scène banale en apparence, mais au bas de cette frise figure un « rébus » qui s’apparente parfaitement au style du « Songe de Poliphile » ; on y retrouve notamment des têtes d’anges ailés… signalant comme l’on sait depuis la publication de l’œuvre de Patrick Berlier : « La Société Angélique », chez Arqa, l’environnement immédiat d’un cryptogramme.

A remarquer que les Anges de Brou, tiennent un « cartel » ou blason en forme de losange, aspect féminin avéré, et fort important selon certaines acceptions – Mais revenons un instant à la devise de Marguerite : « Fortune infortune fort une » ; pour dire qu’Alexandre Dumas, cryptera, lui aussi, ce n’est plus un secret, dans ses ouvrages, certains aspects des mystères audois qui nous passionnent (cf. le « Comte de Monte-Christo », »le Capitaine Pamphile »…) et l’auteur épique ne manquera surtout pas d’évoquer dans son œuvre cette remarquable devise sur la « Fortune » et sa détentrice Marguerite d’Autriche, en expliquant que c’est un « barbarisme » et qu’en fait, la devise était en latin, soit : « Fortuna, infortuna forti una  » ou « fortune et infortune sont égales pour le fort ! « …

>[Sébastien Joly © Blog Arqa ed. #2]