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Construit en une nuit par le Diable…

Goblin Ha’ est à vendre.

Goblin Ha’ est vendu. Goblin Ha’ reste à vendre. L’East Lothan Courrier l’évoquait aussi ainsi, qui titrait, le 10 février 2011, « Going, goblin, gone ». Comme une ritournelle écossaise. Qui fait en partie écho au poème « Marmion » ou Sir Walter Scott, dans ses The Host’s Tale, immortalisa les débuts de l’histoire :

« Of lofty roof, and ample size,
Beneath the castle deep it lies;
To hew the living rock profound,
The floor to pave, the arch to round,
There never toiled a mortal arm,
It all was wrought by word and charm. » (1
)

Cette Salle des Gobelins (2) se situe à Gifford, à une quarantaine de kilomètres d’Edimbourg, en Ecosse, dans l’East Lothian. Gifford, où l’on trouve aussi une église des plus étranges, la Collégiale de Bothans, du nom du village original. Une très belle série de photos de cette chapelle apparaissait il y a encore quelques mois sur le site giffordonline... Qui n’existe plus.

Il ne reste guère comme illustration que celle de Wikipédia qui ne donne malheureusement pas toute la mesure des particularités de cette construction très probablement due à une commande de la famille Giffard (3).

Bien que la Toile soit sphérique, même en gardant à l’esprit que nous ne lisons pas plus le chinois que les Japonais ne lisent le grec, il semble bien qu’il y ait une grande déchirure le long de la Manche (in english : the Channel). Cette « vieille » histoire, en tout cas, ne l’a pas traversé. C’est vrai que, venant d’Écosse, elle avait déjà à pérégriner à travers l’Angleterre…

A pérégriné aussi dans mes archives car je n’ai pas retrouvé mes notes sur le sujet. Et c’est bien parce que c’est pour vous que je refais tout. L’enthousiasme de la découverte en moins, peut-être. Mais comment, comment, laisser passer un événement people qui flirte avec le démon…

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Hugues de Giffard

4-16.jpg Réputé nécromancien, magicien, sorcier et alchimiste, Hugh Giffard II « The Wizard » fut le plus connu des Lords de Yester. Et c’est bien lui que décrit Sir Walter Scott au Canto III de son poème épique. Hugh Giffard sommé par le Roi Alexander III d’Écosse (non, on n’est pas dans un jeu vidéo) de se joindre à ses troupes contre l’invasion norvégienne de 1263. Le château fut terminé au plus tard en 1267, mais Dieu (ou plutôt le Diable) sait comment…

Une légende du pacte du « Wizard » avec le démon dit sa capacité à lever une armée de gobelins pour satisfaire ses moindres désirs. C’est ainsi qu’en une nuit, il fit construire ledit château coiffant une sinistre salle souterraine – Goblin Ha’ donc – à l’impressionnante voûte gothique où il pratiquait les arts infernaux… Aujourd’hui en plein bois – on pourrait dire : des bois d’époque –, le lieu n’incite pas vraiment à la ballade, encore moins nocturne. Les amateurs d’angoisse étant cependant légion un peu partout, le lieu attire parce qu’il fait frissonner. Même des vidéos façon Blair Witch y ont été tournées, dont celle-ci…

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On la dit sulfureuse, elle aussi…

La propriété actuelle représente une superficie de quelque 200 Ha dont 18 de parc. Si les ruines du château des Giffard existent toujours sur la propriété, la demeure essentielle, œuvre du grand architecte écossais Robert Adam, construite entre 1699 et 1727 par James Smith et Alexander McGill, le fut sur le site d’une tour plus ancienne. Ce sont pas moins de 3200 m2 habitables. Le tout pour 15 millions de Livres Sterling.

Elle fut vendue à la mort du onzième Marquis de Tweeddale, en 1967, au compositeur italo-américain Gian Carlo Menotti. Ce dernier, mort à son tour en 2007, son fils l’aurait remise en vente trois ans plus tard ; on peut raisonnablement douter que ce fut avant.

L’agence chargée de la vente a changé, apparemment en 2007 ou 2008. Elle avait élaboré un beau catalogue en pdf consacré à Yester House. D’un format à l’italienne, avec un côté un rien kitsch, il m’était plus agréable que celui de la nouvelle agence, beau aussi mais moins informatif. Avec un petit plus : on y découvre des écuries XIXème, de plus de 800 m2, qui méritent le coup d’œil. Mais, comme nous sommes des petits malins, nous vous avons quand même gardé l’anciennne version du document.

Et qui se serait présenté comme acquéreur d’un des plus grands et plus chers domaines du Royaume-Uni ? Lady Gaga (oui, oui : la chanteuse ; qui n’a pourtant pas, à ma connaissance, épousé un Lord Gaga…).

Les moteurs de recherche présentant des résultats horizontaux, difficile d’établir une chronologie. Si tels sites parlaient de rumeur fin 2010, début 2011
tel autre – italien cette fois, Il Forum Italiano Ufficiale nous assurait de la vente deux ans plus tôt !

Quant à savoir ce qu’il en est aujourd’hui…

Bien malin qui pourrait le définir. À part le Diable…

Michel MOUTET article inédit pour – les Chroniques de Mars No 10décembre 2012

* * *

(1) Le texte complet. [http://www.online-literature.com/walter_scott/marmion/3/]

(2) Ha’ est une contraction locale pour hall.

(3) Enclavée dans le domaine de Yester, elle est restée la propriété de la famille du Marquis de Tweeddale et bénéficie de servitudes de passage.

En Illustration // 1 & 2 – Blason de la Famille Giffard et Charte du XIIIe siècle appartenant à la famille. 3 & 4 – La Salle voûtée et une vue du Château. 5 – Gravure du Château en 1814.