Ce numéro exceptionnel de Science & Invention paraît en 1924, deux ans avant le lancement du premier pulp de science-fiction américain. Dès 1926 en effet, les pulp magazines populaires, constitutifs de la science-fiction moderne, vont commencer à produire, entre autres préoccupations technologiques de l’homme occidental de ce début de XXe siècle, nombre de représentations d’extra-terrestres bariolés, de toute forme et de toute provenance, fruit de l’imagination de talentueux illustrateurs.

Science & Invention est bien le laboratoire de ces pulps de SF : même éditeur – Hugo Gernsback –, même préoccupations de type « scientific fiction » et, parfois, mêmes auteurs et illustrateurs. À l’image d’un certain Frank R. Paul, pour cette couverture qu’il n’ose pas encore signer…

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coll. Agence Martienne

Nul doute, pourtant, qu’il soit bien l’auteur de cette toute première représentation « scientifique » d’un Martien, conforme aux connaissances astronomiques de l’époque : particulièrement adapté à son milieu, celui-ci est en effet doté de grandes oreilles en forme de coquilles, bien fonctionnelles sous une atmosphère raréfiée et peu favorable à la transmission d’ondes sonores ; son nez et ses yeux rétractiles semblent tout particulièrement adaptés à la basse température qui règne sur la planète rouge ; ses pieds palmés permettent de patauger avec aisance dans quelques canaux résiduels ; son torse bombé protégeant des poumons surdéveloppés est à même de compenser une atmosphère pauvre en oxygène ; sa double antenne érectile et télépathique est destinée aux communications extra-sensorielles (toujours très utiles sous air raréfié) ; enfin, il est équipé – fruit de sa prodigieuse technologie ! – d’un désintégrateur atomique en forme d’élégante tringle à rideaux. Aucun doute, il s’agit bien de l’ancêtre du célèbre Homme de Mars que Frank R. Paul publiera quinze ans plus tard dans Fantastic Adventures (# 1, 1939).


Yves BOSSON © – les Chroniques de MARS, numéro 16, mars 2015.

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