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L’encrier de faïence noire

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Catégorie :

Description

Jacques Le Roux – L’encrier de faïence noire – Pour fêter les 70 ans de peinture de Jacques Le Roux, ARQA vous propose un livre de référence sur la Mémoire de l’Encre, intitulé « l’encrier de faïence noire » – Jacques Le Roux est né à Nice le 11 janvier 1923. – Initié très jeune à la chimie, par son père pharmacien, il se passionne en secret pour les techniques permettant de retrouver les recettes de fabrication des encres de l’antiquité et du moyen âge ainsi que tout ce qui touche aux pigments naturels permettant d’enrichir ces bases. C’est à travers l’étude des enluminures et des manuscrits d’archives que Jacques Leroux entend, par petites touches, murmures évocatoires, résurrections des encres amnésiques, becs de plumes immaculées et papiers à vif, renouer les liens d’une mémoire ancestrale, celle de l’écriture tout entière et par-delà, celle de l’occident chrétien. Il est d’ailleurs étonnant de constater que l’alchimiste Fulcanelli, nous entretiendra de ces matières mêmes qui font l’encre gallo-ferrique… – « L’encrier de faïence noire, immobile sur la table de bois est le lieu privilégié sombre et fascinant où la mémoire trouve sa substantielle nourriture pour accomplir, hors du temps mesuré, son œuvre invisible et essentielle. En son aspect austère et massif il est lui-même mémoire vivante. A la fois témoin et instrument de mémoire, il détient les codes secrets qui permettent aux plumes de révéler au grand jour de la feuille tout ce que la mémoire leur confie en ces espaces imaginaires, mais pourtant réels, où le seul fait de se souvenir devient un acte de foi en la vie elle-même. Il détient ses provisions d’encre dans trois récipients de porcelaine grise dont la couleur n’altère en rien l’apparence lustrée, brillante de sa forme générale, mais vient plutôt l’affirmer, en soulignant, par subtil contraste, l’importance de son rôle de grand révélateur, de grand pourvoyeur de mots, d’images et de textes qu’il maintient incessamment grâce aux plumes qui dirigent la divine substance jusqu’aux recommencements des marges, là où elles s’interrogent avant de revenir à la ligne pour la suite des textes dont elles sont porteuses. Elles conduisent ces textes à leur termes à l’aide de cette encre toujours présente, fluide et jaillissantes qui leur permet de connaître en premier tout ce qui apparaîtra sur les feuilles. Abeilles inlassables et demandeuses, plongeuses infatigables, elles vont, confiantes et avides, à la rencontre de cette encre au fer, nappe sombre et inquiétante dont elles retireront pourtant les couleurs vives des mots et des images qu’ils suscitent. Elles seules ont ce privilège d’approcher, de côtoyer et de franchir les rives de ce lac souterrain. Cranté douze fois pour le repos des guerrières, il est pareil à un petit volcan de montagne, qui contiendrait trois cratères juxtaposés, où la lave impérieuse de la mémoire entre en fusion à chaque plongée de plumes avant de se déverser en torrents de mots et de phrases sur les versants des feuilles. Les plumes pendant leurs interminables voyages au-dessus des feuilles ne sont pas seulement les servantes obéissantes de la main et ne se contentent pas d’exécuter les ordres que celle-ci croit leur transmettre. Au-delà des mots qu’elles transcrivent sur le papier et qui constitue l’apparente raison de leur fonction, elles établissent au contact des feuilles un dialogue presque inaudible, mais singulièrement efficace, entre la main qui croit conduire les mots à leur destination et la trame secrète du papier au cœur duquel se tient, et sans qu’il y paraisse, le véritable état-major qui commande la manœuvre, oriente les phrases et place les mots à leur rang afin que le texte puisse atteindre sa plénitude. » – Jacques Le Roux – extrait – (86 pages) – ISBN 2-7551-0000-1.

 

(extrait)

« Le cinquième jour d’octobre sur le verso frémissant du papier Arjomari-Ingres qui se prête, l’on pourrait même dire qui se donne, aux ébats d’une petite plume de canard. Le tracé de ces lignes est maintenu par une petite plume de canard au bec et aux angles plus fins que ceux des plumes de cygne ou même d’oie. Et grâce soit rendue à ces oiseaux aquatiques qui nous donnent ainsi en toute parfaite innocence et avec une grâce incomparable cette possibilité inouïe de pouvoir écrire avec des éléments de leurs parures, de leurs ailes, de ce qui les recouvre et leur donne cette beauté majestueuse qui nous fascine et à laquelle nous devrions rendre hommage à chaque ligne et même à chaque mot. Ou que, du moins, en écrivant, nous ayons constamment une pensée reconnaissante pour ces dons permanents que nous recevons dans la plus totale gratuité. Ce mot d’ailleurs de gratuité ne convenant guère pour la chose car trop vulgaire et infiniment trop limité. Et que soient enfin trouvés les termes qui pourraient signifier en toute vérité l’importance de l’accord secret existant entre les plumes d’un cygne, d’une oie, d’un canard ou d’un vautour et l’existence ainsi que la nature d’un texte écrit par un de ces oiseaux. Un livre pourrait même être écrit qui traiterait de ces rapports, qui en donnerait une image exaltante et véridique, qui exprimerait dans leur plus grande intensité les sentiments d’émerveillement et d’infinie gratitude que nous ne devrions pas manquer de ressentir devant la réalité d’un pareil miracle vécu quotidiennement par des milliers de scribes qui œuvraient à longueur de siècles pour la survivance de l’essentiel de notre mémoire et pour la pérennité d’une civilisation qui nous aura fait ce que nous sommes, même si nous avons tendance à l’oublier. Cela nous paraît bien sûr une évidence. Mais y a t-il quelque chose de plus admirable que ce qui est évident ? Les choses apparemment simples, c’est-à-dire évidentes, deviennent admirables dans l’instant où l’on considère les raisons qui nous les font apparaître comme telles (…).