Quand on voit ces manifestations monstres actuellement et à d’autres époques, on se rend bien compte que cela dépasse le niveau individuel et cela vaut plus généralement pour tout ce qui survient au niveau collectif, depuis les tsunamis et les guerres jusqu’aux grands rassemblements politiques ou artistiques sans parler de la consommation de masse.

Certes, l’on pourra soutenir que le thème individuel permet de se protéger contre de tels raz de marée mais c’est un barrage bien frêle et dérisoire, on pourrait dire pathétique. En fait, c’est contre de telles marées se retirent – car elles n’ont qu’un temps- que l’individu prend le relais. Mais le paradoxe- et ce que n’ont apparemment pas compris la plupart des astrologues – c’est que ces marées sont l’expression la plus forte du fait astrologique, bien plus que ne pourrait le prétendre la dimension individuelle qui serait en fait anti-astrologique. C’est dire que le débat mérite d’être recentré et resitué ! On est à fronts renversés.

Croire que l’on peut prouver l’astrologie par la consultation individuelle est un leurre et la technique du thème est un artifice permettant de se doter d’une personnalité des gens dont l’individualité est justement mal affirmée. On sait que toute technique vise à pallier un handicap. C’est ainsi qu’il faut entendre le discours d’une certaine astrologie « humaniste » qui promet et garantit un certain épanouissement « personne », de développer notre créativité en nous révélant les merveilles de notre thème astral.

En vérité, c’est en ce moment – et on le sent intuitivement- lorsque les peuples se soulèvent non pas les uns contre les autres mais contre une caste dirigeante qui prétend parler en leur nom, que l’astrologie se manifeste dans toute sa puissance et qu’elle peut marquer des points tant un tel phénomène collectif est saisissant et frappe les esprits. C’est alors que l’on prend conscience de l’inanité des cloisonnements individuels. On nous parle d’un changement de conscience, de la « fin d’un monde », et bien c’est bien le moment en effet de renoncer au thème natal et à tout ce qu’il sous-tend.

Le scandale, c’est que les tenants du thème individuel prétendent parler au nom de l’astrologie alors qu’ils soutiennent des valeurs qui lui sont radicalement opposées au point de définir l’astrologue comme celui qui sait interpréter des thèmes. Jamais l’on n’a vu une telle contradiction entre l’astrologue et l’astrologie.

Que l’on n’aille surtout pas se fatiguer à nous démontrer que quand un million de personnes se mobilisent spontanément, on est dans une logique individuelle et qu’il faut regarder le thème de chacun des participants. Le processus actuel balaie purement et simplement toutes ces billevesées de l’astrologie individuelle laquelle n’est plus qu’une forme de thérapie, de palliatif dont les gens ont besoin quand de telles marées se retirent. Au fond, l’on pourrait dire que l’astrologie individuelle est la face féminine, en mineur, de l’astrologie collective et mondiale qui serait la face masculine, en majeur. Mais épistémologiquement, on n’est pas du tout sur le même plan et le clivage est bien entre astrologie scientifique, collective, statistiquement validée et astropsychologie, empirique et peu ou prou divinatoire.

Notre formation initiale (Droit et sciences politiques) nous conduit à rapprocher le principe des démocraties de tels phénomènes populaires. Les régimes démocratiques n’impliquent-ils pas une périodicité, un retour des gouvernants devant les peuples « souverains » ? Le problème, c’est que ces démocraties, du fait qu’elles ignorent la vraie astrologie, sont souvent décalées au niveau rythmique et cela peut être dramatique en ce que cela génère des légitimités antagonistes. Ce qui se passe actuellement dans le monde arabe témoigne de ce que certaines forces débordent très largement le calendrier électoral. On dira même que ce sont ces calendriers qui sont en crise tant il est évident qu’ils sont artificiels et décalés. Nouvelle prise de conscience qui s’offre à nous et qui exige une nouvelle pensée politique, passant par l’astrologie et non plus par une numérologie tournant à vide, et qui fixe arbitrairement les dates des élections, devant avoir lieu tous les 4 ans, tous les 5 ans, mais chaque fois à partir d’un point origine qui ne correspond strictement à rien, ce qui fait d’ailleurs que chaque pays ait ses propres dates, ce qui est typique de la Tour de Babel. En fait, les constitutions apparues depuis la fin du XVIIIe siècle bafouent l’astrologie en lui substituant, tout en l’imitant, une cyclicité qui n’a aucune assise scientifique mais uniquement juridique, ne serait-ce que par l’émergence récente de telles lois, d’autant que l’on se permet d’en changer d’une génération à l’autre, comme en France, où du jour au lendemain on est passé du septennat au quinquennat. C’est n’importe quoi. On a affaire en réalité à des « lois » millénaires avec l’astrologie, héritage de lointains ancêtres, par rapport auxquelles nos constitutions modernes ne sont que des tigres de papier.

En conclusion, nous dirons qu’il est temps d’évacuer les pseudo-astrologies que sont le thème individuel et les calendriers électoraux en vigueur et qu’il importe désormais de laisser la place à une Astrologie Mondiale qui soit en phase avec le peuple alors même que d’aucuns tentent de nous faire croire que la dite astrologie mondiale n’est pas faite pour les gens ordinaires. Allez dire cela aux manifestants de Tunis ou du Caire ! A cette astrologie mondiale de nous enseigner à quels moments le peuple doit être consulté, ce qu’aucune de ces pseudo-astrologies n’est capable de nous dire. Ajoutons que cette astrologie mondiale fondée sur des structures sociales extrêmement anciennes, n’a bien entendu que faire de l’usage des planètes transsaturniennes. Or, là encore, nouveau piége en ce que l’astrologie mondiale ne jure plus que par les dites planètes apparues progressivement et successivement à partir de la fin du XVIIIe siècle. Laissons ces Planètes à l’astrologie individuelle qui est une grosse consommatrice de facteurs de toutes sortes, une sorte de trou noir insatiable.


Jacques Halbronn