Le propre même d’une chronique est de refléter un « work in progress » et ceux qui lisent attentivement nos textes, sont à même de percevoir des infléchissements. Ce qui compte, en définitive, c’est le texte ultime, celui qui est l’aboutissement toujours provisoire d’une pensée. Il y a encore une catégorie de lecteurs qui sont capables de citer des passages écrits il y a 30 ans et de vous confronter à eux ou de tenter de faire une synthèse avec ce que vous rédigez présentement. Ce n’est pas ainsi que l’on appréhende honnêtement le travail d’un chercheur. Cela dit, il n’est pas vain de revenir sur ce que l’on a pu émettre dans le passé, à la lumière du présent état de nos réflexions. La publication de nos textes sur ces Chroniques de Mars nous a en effet invités à une relecture de ces dizaines de documents que nous avons produits depuis le début de l’année 2011, lequel début fut si riche en événements ne pouvant point ne pas interpeller l’astrologie mondiale. Cette période est carrément fondatrice pour l’astrologie mondiale tant elle nous expose ce qu’est le véritable champ de l’astrologie, à savoir la dialectique du collectif et de l’individuel. Le changement de phase auquel nous assistons est caractéristique d’un relais périodique des valeurs, lorsque le « leader » laisse la place au peuple, sachant qu’en d’autres temps, c’est l’inverse qui se produira. Rappelons que pour nous la phase « active », diurne, astrologiquement parlant est celle de cette dynamique populaire et la phase « passive » nocturne correspond à une dislocation d’une telle dynamique, chacun tendant à se replier sur lui-même, ce qui est du pain bénit pour les astrologues du thème natal tandis que la phase active favorise surtout les spécialistes de l’astrologie mondiale.

Mais remettons en perspective ce qui se passe depuis 2008 avec la « Crise » et comment les choses ont évolué jusqu’à ce début de 2011. Est-ce que l’on a changé de phase entre temps, en cours de route ? Désormais, il est clair que, oui, nous ne sommes plus dans la même tonalité. En 2008, les usagers étaient sur la sellette. Il fallait carrément les mettre sous tutelle tant leurs comportements semblaient irresponsables. Cela correspondait à une crise du crédit que l’on pouvait accorder non pas tant aux dirigeants qu’au public qui ne se comportait pas raisonnablement. D’ailleurs, ce sont des Etats entiers qui de ce fait furent placés sous tutelle, qui furent mis au pilori et au régime, de l’Islande à la Grèce. On ne parlait pas alors tellement du monde arabe mais bien plutôt de la zone euro, des Etats Unis d’où la crise serait partie.
Et puis vient 2011 – mais il est évident que l’astrologie n’a que faire du changement d’année en règle générale – et voilà donc que les peuples de Tunis et du Caire se soulèvent contre leurs leaders historiques et parviennent à se faire enfin entendre, comme si une sève nouvelle parcourait leurs veines. C’est le « printemps » des peuples, la venue d’une nouvelle phase diurne, la précédente ayant eu lieu il y a sept ans et en remontant, de sept ans en sept ans, ce qui nous ramène à 1989 (mise à bas du Mur de Berlin) et à 1968 (Printemps de Prague) entre autres.
Techniquement, que s’est-il passé « en haut », dans les astres ? Saturne s’est rapproché du début de la constellation de la Balance, dont on ignore d’ailleurs très précisément où celui-ci peut se trouver car les frontières ont pu bouger au cours des siècles. Ce qui est sûr, c’est que Saturne est passé sur un point crucial de son parcours au travers des étoiles jouxtant l’écliptique – et que l’on appelle le zodiaque- (bande de 8°30 de par et d’autre correspondant à l’espace couvert par les planètes. Notons que Pluton ne respecte pas de telles limitations.
Ce point crucial correspond grosso modo à 16-17° balance, en janvier 2011. Sachant que l’ayanamsa est autour de 25° et des poussières, Saturne, dans le contexte constellationnel actuel, se serait donc situé à quelques degrés de son entrée dans la dite constellation de la Balance. Ce qu’on appelle en astrologie une « orbe » et qui peut correspondre à une anticipation, quand un signal est en train de se former. On est là dans une logique qui est celle du chien de Pavlov. Si on relit nos textes depuis le début janvier, on note de quelle façon nous avons peu à peu intégré les données à la fois célestes et terrestres.

Ce qu’on attend d’un astrologue – il faut être sérieux – ce n’est pas d’annoncer des événements « graves » – c’est là une formulation très insuffisante et disons même inconsistante. Certains astrologues parisiens reconnus nous déclarent que ce n’est que par la voyance que l’on pourrait être plus précis dans les prévisions astrologiques mondiales…On devrait donc se contenter d’annonces aussi vagues ! Voilà où en est arrivée l’astrologie mondiale ! Il est vrai que pour 1989, André Barbault avait pointé – et ce dès le début des années cinquante du siècle dernier – un événement marquant pour l’histoire de l’URSS sans préciser davantage. En fait, il semblerait que ce qui serait à privilégier serait la localisation géographique et non le type d’événement. Nous nous portons en faux contre une telle attitude.

L’idée selon laquelle l’astrologie – pas l’astrologue étudiant la situation présente au regard d’informations non astrologiques – serait en mesure de pointer quels pays sera touché – et ce notamment par l’étude des « thèmes » de naissance tous les pays du monde (constitution, début du régime etc.) ! – n’est absolument plus à retenir. D’ailleurs, quand Barbault utilisait son « indice cyclique », il ne s’intéressait pas à la géographie mais parlait d’un état général du monde, notamment par rapport aux « guerres mondiales ». C’est d’ailleurs probablement du fait que cette attente d’une prochaine guerre mondiale fut quelque peu déçue, au cours des années 80 du XXe siècle, que la pensée astrologique se serait reportée vers la désignation de conflits et d’enjeux plus locaux. Mais c’était là, épistémologiquement, passer de Charybde en Scylla.

On ne peut faire l’économie d’une typologie des événements – sachant que la « gravité » peut concerner tout type de situation et que ce terme est bien trop flou pour être opérationnel. A partir de là, tout le débat tourne autour de la dialectique des concepts. Barbault proposa, dans les années soixante, l’alternance entre « tension » et « détente », le mot détente étant alors à la mode, notamment dans le contexte de la « Guerre froide ». Dans les années soixante-dix, nous avions proposé de faire alterner « unicité » et « multiplicité », au vu de l’’évolution du nombre d’Etats indépendants d’une époque à l’autre. La création de nouveaux Etats ou leur disparition dans le cadre d’un empire, d’une annexion, nous semblait déterminante et cela pouvait se chiffrer, donner lieu à un coefficient. Bien entendu, pour mettre en place de telles dialectiques, il est crucial de simplifier le « diagramme » de l’astrologie pour parvenir à un seul et unique vecteur, ce qui était le but de l’indice cyclique de Barbault, qui faisait la synthèse entre toutes les planètes lentes de Jupiter à Pluton. Quant à nous, notre démarche était très différente puisque nous optâmes pour le cycle d’une seule planète – même pas d’un intercycle entre deux planètes – en découpant son parcours par son passage sur certains points du zodiaque. Autrement dit, nous adoptions une problématique planète/zodiaque et non pas planète/planète comme Barbault. Toute la question consistait à repérer quels étaient les points sensibles du cycle de Saturne mais si l’on nous demande pourquoi Saturne, nous dirons que parce que son cycle semblait le plus propre à rendre compte de l’évolution que nous entendions décrire, à savoir cette alternance d’indépendances (en Afrique par exemple) et de supranationalité. (Cela vaut aussi pour l’Union Européenne, l’ONU, ou pour des traités de paix ou d’armistice).

Au début, nous nous en tînmes au passage de Saturne sur les axes équinoxiaux et solsticiaux, selon une approche typiquement tropicaliste. A l’époque, le passage de Saturne sur les équinoxes n’avait pas les mêmes effets que sur les solstices et nous découpions le temps en périodes de sept ans. Ce n’est que par la suite que nous comprimes que chaque période de 7 ans pouvait comporter deux phases de trois ans et demi, ce qui permettait de ne plus différencier équinoxes et solstices, ce qui correspondait à un découpage en huit de l’écliptique. On aura compris que très tôt nous avions exclu d’articuler l’astrologie mondiale sur les 12 signes ! Or, c’est bien à ce passage d’un signe à l’autre que l’on est revenu actuellement chez la plupart des spécialistes interrogés, lus ou entendus. Une telle zodiacalisation (en 12 secteurs) de l’astrologie mondiale ajoutée au recours aux thèmes d’Etats nous semble tout à fait déplorable…

Mais par ailleurs, nous allions abandonner le référentiel tropical en faveur d’un référentiel stellaire, ce qui s’inscrivait dans une conception « visualiste » de l’astrologie, renonçant à toute considération qui ne se manifesterait pas visuellement au niveau du peuple, ce qui excluait ipso facto les planètes transsaturniennes ou les astéroïdes. Autrement dit, les équinoxes et les solstices étaient par trop abstraits. Mais comme nous continuions à nous servir d’éphémérides calculées en coordonnées tropicales, il nous fallut un certain temps pour nous apercevoir que les changements de phase que nous avions observé sur le terrain des faits « terrestres » – les « événements » – coïncidaient peu ou prou, en tenant compte de l’ayanamsa, à l’entrée de Saturne dans les constellations « cardinales » (Bélier, Cancer, Balance, Capricorne) et au passage au mi-point entre deux constellations cardinales consécutives.

Mais quelle est donc la formulation optimale d’une prévision en astrologie mondiale ? Nous dirons que l’on doit systématiquement signalé une chose et son contraire. Si l’on annonce une période marquée d’une certaine façon, il importe d’indiquer quand suivra une période en sens inverse car contrairement à ce que certains astrologues parisiens croient, il y a toujours réversibilité au regard de l’astrologie mondiale. C’est d’ailleurs ce qu’avait bien compris André Barbault si ce n’est que la cyclicité qui ressortait de son « indice » ne présentait pas de caractère de régularité, étant donné qu’elle était fonction d’un « bouquet » de planètes ayant chacune leur propre cyclicité. En revanche, nous disposions d’une sinusoïde parfaite, absolument régulière, à l’instar d’une horloge.

Il faut éviter une terminologie par trop aléatoire comme celle de tension et de détente, qui ne veut pas dire grand-chose en ce que des situations très différentes peuvent être vécues et gérées de toutes sortes de façons. Ce serait de la voyance que de prétendre connaître par avance les conséquences exactes d’un processus astral car cela peut se passer dans le calme ou dans le sang, selon des circonstances indépendantes de l’astrologie, selon que l’on aura pris ou non les précautions nécessaires notamment. C’est vrai aussi pour les tremblements de terre ou les tsunamis, qui disons le tout de suite, n’entrent pas présentement dans notre champ de recherche mais dont les effets sont fonction des mesures prises pour les amortir. Il nous semble donc préférable de travailler sur les causes plus que sur les effets terminaux. Par exemple, même si Moubarak n’était pas parti, le phénomène populaire n’en aurait pas moins existé. Le crédit de l’astrologie ne va pas dépendre de tel ou tel aléa. C’est pourquoi il importe de s’intéresser à un grand nombre d’Etats et pas à un seul. On doit se situer dans le quantitatif et c’est l’occasion de souligner l’inanité de l’approche par les thèmes de fondation de chaque Etat car en périodes « diurne » (cf. supra), la contamination- pas plus que le nuage de Tchernobyl- ne connaît de frontières. L’autre jour, à Parapsy, nous interviewions une astrologue qui n’en démordait pas : il fallait absolument que chaque manifestant ait dans son thème quelque chose qui explique sa présence, et nul doute que le « bon » astrologue mondialiste moyen vous démontrera que tous les pays touchés par la vague actuel ont dans leur thème un « transit » qui explique cela, ce qui est l’enfance de l’art pour un astrologue averti. Mettons nous à leur place, si les thèmes ne font pas référence, où va-t-on ? Chacun se rattache à ce qu’il peut et à ce qu’il croit.

En conclusion, nous dirons que la formulation la plus appropriée, de notre point de vue actuel, passe d’abord par la formation de processus collectifs de grande envergure visant à revendiquer la souveraineté populaire face à l’accaparement d’un petit nombre. En linguistique, nous dirons que c’est le retour du signifiant, le peuple et le rejet du signifié, ceux qui parlent en son nom et qui n’ont qu’une présence symbolique. Un homme n’est jamais qu’un homme quel que soit le pouvoir dont il puisse être chargé alors que le peuple existe par lui-même en tant que force manifeste, immédiate. Les élections relèvent du passage du signifiant au signifié.

En ce début de l’an 2011, nous vivons assurément le passage du signifié au signifiant, du pouvoir symbolique au pouvoir réel. C’est très sain car l’on remet ainsi les pendules à l’heure, on revient à une causalité claire et nette, à la source. Et cela est rendu possible chaque fois que Saturne, tous les 7 ans, s’approche de l’une des quatre constellations cardinales (cf supra). Etant donné que chacune des huit périodes dure 3 ans et demi, l’on n’en sortira pas avant au moins 30 mois pour prendre un peu de marge. On peut aussi annoncer qu’à la fin de 2014 et au début de 2015, lorsque Saturne arrivera dans le dernier « décan » du scorpion et en tout cas au début du sagittaire (en tropique, ce qui correspond à son passage au milieu de la constellation du même nom en sidéral) mais il faut tenir compte du phénomène d’anticipation, l’on assistera, pour reprendre notre formulation linguistique au passage du signifiant au signifié, ce qui signifie, si l’on nous a bien suivis, que la réalité politique basculera dans le symbolique, dans le virtuel, dans le fictif avec un personnage parlant au nom de tout le peuple (terme qui couvre toute population au sein d’un ensemble donné), ce qui est au demeurant favorable au dépassement des clivages nationaux et à l’établissement de structures supranationales. On peut penser que l’Union Européenne franchira un nouveau stade d’intégration politique à ce moment là. Mais, évidemment, trois ans et demi plus tard, les « peuples » referont entendre leur « voix » (vox populi) et ainsi de suite. Encore une fois, on n’a pas à dramatiser. Les changements peuvent s’effectuer en douceur et en connaissance de cause. Il ne faut donc pas que l’astrologie s’aventure à parler de « crise » mais qu’elle décrive des enjeux. (Ce qui est en jeu, ce qui se joue). Quant à la question de la localisation, on ne se lassera pas de répéter qu’il est certainement possible de prévoir quelle région a le plus de chances d’être atteinte à un moment donné. Ce sont celles qui ont échappé à la précédente alerte dont c’est désormais le tour. On repasse les plats. Si le monde arabe fait cette fois sa révolution, il ne sera plus concerné dans sept ans à moins que d’ici là il ne se dote, d’ici trois ans et demi, d’un pouvoir autoritaire. Mais qu’est ce que trois ans et demi au regard des vingt ou trente ans de règne d’un Ben Ali ou d’un Moubarak ? Il faut plus que cela pour que les peuples parviennent à un tel degré d’exaspération. On peut en tout cas annoncer que dans sept ans, d’autres pays passeront à la casserole et que tout pouvoir qui ne revient pas,
périodiquement et régulièrement, vers son signifiant initial est en sursis.

Le temps des pronostics à un seul coup est révolu. L’astrologue mondialiste doit baliser sur le moyen terme, à 15 ans de distance, sur un tracé sinusoïdale, des hauts et des bas. Mais pour cela il doit se doter d’outils beaucoup plus compacts que ceux dont il se sert habituellement avec sa pléiade de planètes. D’où le passage du polyplanétarisme au monoplanétarisme, l’astrologie étant la transposition de la matrice solaire vers une octave supérieure, terme musical (la gamme des 7 notes) cher à André Barbault, toute la question étant de déterminer quelle planéte incarne la dite octave. En fait, la matrice est fondée sur un couple : c’est le couple lune-soleil qui se retrouve en un autre couple. Historiquement, on a cru au Moyen Age, que le couple idéal, en Mondiale, était celui de Jupiter et de Saturne, qui se reforme tous les 20 ans.(les « grandes conjonctions ») et qui tenait compte des 4 Eléments (triplicités) en tropique. Il y a eu aussi, par la suite, la théorie des ères précessionnelles qui a séduit pas mal d’astrologues et qui elle se passait carrément des planètes, consistant à étudier dans quelle constellation le soleil à l’équinoxe de printemps (point vernal) se trouvait. Puis il y a eu la «concentration planétaire » préconisée par André Barbault (cf supra) sans considération du zodiaque. En ce début de XXIe siècle, cinquante ans plus tard, nous proposons un modèle articulé sur le passage de Saturne, tous les sept ans, en référence analogique avec la Lune, sur un certain espace stellaire correspondant aux quatre constellations cardinales (équinoxiales, symboliquement). Le fait est que grâce à ce modèle (Astrobiorythmie, ABR), l’on constate que 2011 offre la même configuration que 1968, 1989 ou 1960, alors qu’avec le cycle Saturne Neptune, Barbault ne rend compte que de 1989, la situation céleste actuelle ne se référant en aucune façon au dit cycle en dépit du fait qu’elle offre des similitudes frappantes. Certains astrologues feront la fine bouche et pinailleront sur les différences. Mais en astrologie, nul n’entre s’il n’est philosophe, c’est-à-dire s’il n’est pas capable de remonter vers les concepts en décantant les phénomènes pour revenir aux noumènes. Il est un fait que certaines personnes, notamment parmi les femmes, sont beaucoup plus douées pour séparer que pour rapprocher, d’où leur prédilection pour le thème natal, outil idéal pour séparer puisque même des jumeaux nés à quelques minutes d’intervalle n’ont pas stricto sensu tout à fait le même thème. Il n’est pas non plus question de tomber dans le piège consistant à considérer comme semblables des situations décrites au moyen des mêmes termes ou de séparer des situations diversement décrites. Or, certaines personnes sont perdues, désemparées, dès lors que l’on se permet de passer par-dessus les mots pour accéder aux concepts. C’est d’ailleurs pour cela qu’elles sont attirées, fascinées par l’astrologie qui leur sert sur un plateau les concepts sous la forme des planètes, des signes tant et si bien que dans le cas de ces personnes, ce qui est astrologiquement semblable est ce qui correspond aux mêmes positions astrales, dans le cadre d’une carte du ciel et non dans celui d’une cyclicité uniplanétaire.

Jacques Halbronn