Description

à PARAITRE PROCHAINEMENT

Thierry E Garnier – Symboles Templiers – L’Histoire est une occurrence bien trop grave pour qu’on s’en remette pour elle aux seuls historiens de métier, dont la capacité d’imagination, d’invention et même de reconstitution apparaît quelquefois limitée ou suspecte. » Raymond Oursel (1921- 2008) – Historien de l’Ordre du Temple – Chartiste, Docteur ès Lettres – Conservateur des archives départementales de Haute-Savoie, Directeur des archives de Saône-et-Loire auteur du Procès des Templiers. – L’histoire de l’Ordre des Templiers est souvent racontée de façon empressée par de pseudos-historiens peu scrupuleux des sources évoquées – cotes d’archives absentes et références recopiées de livre en livre. Que dire alors des « symboles templiers » dont la part de rêve, véritable miroir aux alouettes, s’accommode sans vergogne de récits imaginaires, de légendes templières, de présupposés mythiques et d’histoires de trésors ? S’appuyant sur des faits historiques dûment répertoriés, archives calligraphiées, mais aussi passant en revue tous les arts plastiques mobilisés entre le XIIe et le XIVe siècles, de l’enluminure à l’architecture et sculptures, en passant par les vitraux, les fresques, les gravures lapidaires (bas-reliefs et pierres tombales), les sceaux, les monnaies, les graffitis, l’auteur en détermine une typologie symbolique dévolue à la Militia Dei, uniquement centrée sur des données parfaitement vérifiables et selon un éclairage artistique signifiant, qui est sans doute la meilleure manière de rencontrer aujourd’hui, les chevaliers aux blancs manteaux. Dans cet ouvrage à contre-courant des idées arrêtées, on ne trouvera pas d’armorial du Temple, tout droit venu du XIXe siècle, ni de devise templière tout aussi inconsidérée, ou d’Abacus du « grand Maître », dont nul ne peut dire qu’il existât vraiment… En réalité la symbolique templière se nourrit autant de faits que de dates et cela est indispensable à une rigueur historique, que le lecteur attentif est en droit de revendiquer avant toute analyse métaphysique. Cet ouvrage de Thierry Emmanuel Garnier, consacré aux symboles templiers, est le premier livre présentant une vision exhaustive de ce sujet tant controversé, un champ sémantique qui touche en partie aussi à ce que les historiens médiévistes ont appelé « l’hérésie du Temple ». – (400 pages) – ISBN 2-7551-0046-X – (À paraître).

(extrait)

« Initiation solaire et chevalerie chrétienne – C’est dans ce contexte de feu et de sang que va naître au XIIe siècle une chevalerie totale, emblématique d’une spiritualité chrétienne qui ne demande alors qu’à s’épanouir malgré les contradictions formelles qui la forge. En quoi et comment la prière improbable d’un moine solitaire, au fin fond de sa Champagne natale, pétri de psaumes et d’évangiles peut-elle rejoindre et surtout conjoindre l’homme d’arme couturé, fougueux de taille et d’estoc, prompt au tumulte des combats, terrifique croisé qui, finalement, s’abreuvera sans compter, au soleil rougeoyant de Palestine du sang des « infidèles » ? Il faudra toute la casuistique d’un saint Bernard pour concilier le moine et le soldat, et en faire dès lors, dans un texte d’une luminosité parfaitement éthérée, un chevalier du Temple. Autre présence symbolique que l’on se doit d’évoquer ici, toute aussi porteuse de sens et de contradiction, qui est celle qui va placer la Milice du Christ, en tant qu’élite chrétienne, exactement à l’interface du Ciel et de la Terre, « in Medio Ecclesiae » pour reprendre saint Jean, puisqu’elle n’est autre cette Sancta Militia, que le symbole parachevée d’une assemblée mystique, se réclamant à la fois d’une chevalerie célestielle sous la haute garde de saint Michel Archange et d’une chevalerie terrestre dont saint Bernard donnera toutes les clés dans son Éloge de la Nouvelle Chevalerie. Le moine illuminé de Clairvaux approuvant spécifiquement de la sorte, le double combat spirituel et matériel des Templiers, contre les forces occultes enténébrées d’une part et contre l’adversité asservissant la Terra Sancta, d’autre part. Mais de quelle extraction historique est véritablement cette chevalerie de lumière ? Certains historiens du Moyen Âge évoquent une origine orientale ou asiatique à la chevalerie d’Occident. D’autres auteurs, comme l’éminent médiéviste Karl Ferdinand Werner ont vu au sein des armées romaines et de leur cavalerie, une possible origine de la chevalerie médiévale, mais cette thèse semble pourtant en désaccord avec les meilleures études récentes, telle celle de Dominique Barthélémy publiée en 2007, sur l’origine germanique des premières milices à cheval, étude qui reprend bon nombre de travaux antérieurs publiés sur le sujet. Déjà au milieu du XIXe siècle, J. Libert donnait parfaitement une grille de lecture de première importance concernant cette filiation germanique : « Ce pays, pour la chevalerie, c’est l’Europe, et cette race, la germanique. C’est donc en Europe et chez les anciens Germains qu’il faut chercher les sources primordiales du développement moral et social qui, mille ans plus tard, s’est produit sous le nom de chevalerie. » On catégorisera au fil du temps, trois types de chevalerie qui vont s’unir en une pour partager les mêmes valeurs : la chevalerie du siècle composée de seigneurs féodaux possédant châteaux et domaines, ils partiront en Palestine pour gagner leur paradis et conquérir d’autres biens ; la chevalerie errante soutien de la veuve et de l’orphelin, composée de chevaliers sans terre, sans missions attitrées si ce n’est de servir la Dame de leur choix, pour beaucoup c’est une certaine acception de la quête graalique qui fut leur domaine de prédilection ; la chevalerie monastique structurée autour d’un pouvoir religieux puissant et défendant les valeurs chrétiennes universelles, leur fonction en terre sainte fut principalement à l’origine la protection et le soin des pèlerins croisés. Entre 1049 (réforme de Léon IX) et 1122 (concordat de Worms), sous l’impulsion de la réforme grégorienne la chevalerie va peu à peu se christianiser jusqu’au point d’assimiler formellement en son sein des milices parfois laïques, parfois religieuses, qui conjoindront le glaive et le crucifix en une seule et même âme. On assiste alors à un tournant majeur dans l’histoire de la chevalerie qui va devenir pour partie Militia Dei, missionné à dessein pour (…).