Tout le monde dans le milieu astrologique n’a pas les mêmes enjeux. Pour certaines personnes, l’enjeu semble être avant tout social. On veut appartenir à un certain groupe- parce qu’il faut bien être membre de quelque chose et l’on est prêt pour cela à adopter un certain profil, un certain langage caractérisant une telle appartenance. Il importe peu dès lors que l’Astrologie soit vraie ou fausse, ce qui compte, c’est de parler du monde en employant une certaine terminologie, de savoir se sortir de la lecture d’un thème comme un enfant à l’école qui montre qu’il sait « lire ». D’ailleurs, apprendre l’astrologie, c’est revenir sur les bancs de l’école.

Une telle forme d’appartenance implique forcément un certain conformisme, qui est perçu comme un rapprochement. Il y a là quelque paradoxe : on met en avant l’individualité, garantie par le thème, mais en fait cela s’opère en souscrivant à un certain type de langage qu’il faut parler mais surtout comprendre, d’où une certaine passivité du public qui se comporte comme celui des connaisseurs d’opéra quand il entend une diva. Ou quand on va à la messe.

L’astrologie est ici vécue comme un langage et un langage cela ne bouge pas, tout au plus de temps à autre un mot nouveau à intégrer mais les bases, elles, sont ce qu’elles sont et cela s’apprend.
Est-ce que le « destin » de l’astrologie est de servir de processus identitaire à une toute petite minorité de gens qui se réunissent de par le monde, pour avoir la satisfaction d’appartenir à un cercle, à une association astrologique ? Rappelons que le mot « association » est récurrent dans la vie astrologique et que ce mot est porteur de société, de sociabilité.

Ce « peuple » astrologique n’est guère disposé à casser son jouet. C’est comme lorsque l’on veut faire des travaux dans une maison ou dans une ville, sur le moment cela fait désordre, cela entrave la routine des habitudes. Et l’on a tendance à reporter les échéances. C’est pourquoi, à juste titre, d’aucuns ont suggéré une « pause » dans ce petit jeu social voire dans les cours d’astrologie qui y préparent et l’entretiennent. Qu’on laisse la place, à nouveau, à de vrais colloques, où l’on élaborerait une astrologie repensée, rénovée, pour une nouvelle génération. L’astrologue Jeanne Duzéa, alias Janduz (voir nos Chroniques de la Bibliotheca Astrologica), du temps du Front Populaire, (1936), avait demandé un moratoire pour que les gens puissent faire tranquillement de l’astrologie.

Il est peut être temps de mettre fin à ce moratoire et de passer à une phase de révision générale de l’édifice, quand bien même cela déplairait à la caste des enseignants en astrologie qui exercent actuellement – et notamment depuis la fin des années 80 du siècle dernier – le pouvoir, du fait de leurs bataillons d’élèves et anciens élèves.

Jacques Halbronn