Nous vous présentons ci –dessous, en quatre volets, notre nouvelle représentation de l’Astrologie, sous le nom d’Astrologie « géométrique ». Il s’agit pour l’astrologie de fournir un outil simple dans sa conception et qui corresponde aux attentes d’un Kepler, il y a quatre cents ans, dans le prolongement de la théorie des grandes conjonctions. La différence, c’est que depuis mille ans, les grands modèles astrologiques avaient renoncé à se référer aux étoiles fixes et notamment aux « royales » lesquelles constituent une sorte de carré naturel dans le Ciel.

I – La géométrisation du temps et l’épistémologie de l’astrologie

Le grand problème des astrologues, en général, ce sont leurs exigences. Si au niveau du prix des consultations, ils sont, disons, assez raisonnables, d’autant qu’il s’agit en général d’une seule consultation à la fois et non de toute une série de séances, en revanche, ce qu’ils demandent que l’on accepte au niveau intellectuel est tout à fait exorbitant et ils ne devraient pas être surpris par un certain phénomène de rejet. Il suffit d’entendre certains exposés d’initiation, de présentation de l’astrologie au public ou dans le cadre de Portes Ouvertes (cf. par exemple la récente prestation de Josianne Chartier, enregistrée sur teleprovidence.com, à la Maison des Associations de Neuilly ou les Portes Ouvertes d’Emmanuel Leroy, dans la région lilloise) pour s’apercevoir qu’il y a un problème pédagogique grave à la clef. Décalage entre la pratique qui est accessible et qui correspond à une forme de consultation comme en voit beaucoup et l’enseignement, qui tend vers l’usine à gaz et qui aboutit à un discours alambiqué, arachnéen, que les adversaires de l’astrologie se font un plaisir de reproduire (comme dans le dernier Que Sais Je sur l’Astrologie de Ph. Zarka).

Nous invitons le milieu astrologique à repenser sa communication (Colloque de Nantes, 10 juin 2011) en mettant en avant des structures simples, récurrentes, passant par une certaine forme de géométrie du Temps puisque nous pensons que l’axe central de l’astrologie, c’est d’abord un discours sur le Temps. Voilà l’Astrologie : c’est à prendre ou à laisser, en bloc.
Si l’on demande à un astrologue s’il est possible de représenter par le moyen de quelque figure géométrique le temps astrologique, que serait-il susceptible de répondre, de proposer ? En général, la géométrie semble correspondre à une problématique spatiale. On pense à quelque architecture. Mais le Temps peut-il également être géométrisé ? Il semble que les biologistes ont envisagé cette possibilité, de représenter le temps en recourant à des figures géométriques, notamment en ce qui concerne la cyclicité. Pour notre part ; nous avions opté, en 1976, dans « Clefs pour l’Astrologie » (‘Ed. Seghers) pour la sinusoïde. Mais l’écueil principal sur lequel tout le monde semblait indéfiniment devoir buter était celui de la fixation d’un commencement à un processus. Et l’on sait qu’en astrologie, il en est une multiplicité.

Les biologistes ont compris que leur discipline avait besoin de géométrisation pour accéder véritablement au statut de science. La géométrie n’est pas l’arithmétique, il ne s’agit pas simplement de « chiffrer », de « compter », de quantifier, il faut représenter par des figures qui ne sont pas simplement des graphiques, des indices, des coefficients. Le propre d’une figure géométrique, c’est qu’elle implique une certaine simplicité et une certaine récurrence. .La notion de cycle se prête, si elle est correctement articulée, à une telle géométrisation du Temps.

Nous prendrons le cas de l’astrologie pour illustrer notre propos dans la mesure où ce domaine gagnerait beaucoup, épistémologiquement, à se structurer sur la base de polygones, d’autant que sa terminologie comporte des références à des trigones (triangles), à des carrés, pour ce qui est des aspects si ce n’est que ces termes ont fini par désigner des segments géométriques, un angle de 120°, un angle de 90° et non plus des figures entières, dans le cadre d’une spatialisation de l’astrologie, à savoir le thème natal, même si celui-ci est complété par des connections qui ne font sens, que par rapport au dit thème (transits).

Si l’on demande à un astrologue de quelle façon l’astrologie suit une structure géométrique, que va-t-il bien pouvoir répondre ? On pourrait parler d’une géométrie en miettes, en morceaux, en pièces, déconstruite. Il ne peut relever sérieusement le défi. Prenons le cas de l’astrologie mondiale : dans les années soixante, André Barbault a introduit un indice, qui s’est appelé « indice de concentration planétaire », « indice cyclique », regroupant tout un bouquet de cycles et cela a même donné des graphiques mais on était loin d’une structure géométrique et d’ailleurs comment aurait-ce pu être le cas en combinant des cycles différents. Si la Loi de Bode qui est une loi en fait spatiale montre qu’il y a bien un ordonnancement régulier des planètes du système solaire (si l’on y intègre les astéroïdes placés entre Mars et Jupiter dont le premier découvert fut baptisé Cérès) dont l’astrologie ancienne ignorait l’existence, si l’on peut constituer une « théorie des âges », comme le propose un Jean-Pierre Nicola, en plaçant successivement les différents cycles planétaires, en revanche, dès que l’on met ce bel agencement en mouvement, c’est la confusion géométrique la plus totale ! On passe de l’harmonie, de la symphonie à la cacophonie.

Et qu’en est-il des cycles reliant deux planètes entre elles et qui furent très prisés dans la seconde moitié du siècle dernier, au regard des transsaturniennes, notamment autour des événements de 1989 (cycle Saturne-Neptune) ? Mais, déjà, à la Renaissance, le cycle Jupiter-Saturne était le fer de lance de l’astrologie politique et Jean Bodin lui a rendu hommage dans sa République. Le grand attrait de la combinatoire des deux astres les plus lents du Ciel des Anciens, c’est qu’elle suivait une structure triangulaire, d’une conjonction à l’autre, l’on franchissait 120°, un tiers de triangle (trigone), ce qui mettait en valeur ce qu’on appelle les « triplicités », c’est-à-dire les Quatre Eléments (Feu, terre, air, eau). Mais depuis que l’astrologie a marginalisé ce cycle pour s’intéresser à toutes sortes d’autres cycles, cette dimension géométrique est passée au second plan, d’autant que les autres combinatoires ne pouvaient être réduites à des triangles ou à des carrés, surtout si on les entrecroisait. On basculait dans le kaléidoscope !

Si l’on revient sur les fondamentaux comme le cycle soli-lunaire, l’on peut y voir un carré. nouvelle lune, premier quartier, pleine lune, dernier quartier, soit .les 4 semaines. Autrement dit, chaque configuration significative s’inscrit au sein d’un carré, au sens non pas astrologique mais géométrique du terme. C’est un carré en quelque sorte temporel à la différence de celui qu’on peut observer dans un thème astral. Rappelons que certains penseurs de l’astrologie ont proposé de réduire un thème à une figure, ce qui limitait ainsi les « cas de figure (Pierre Lasalle, Marc Edmund Jones, Christian Meier Parm, Bernard Crozier, M. Koechlin de Bizemont etc).

En géométrie temporelle, il n’est pas nécessaire de déterminer un point de départ, ce qui seul compte, c’est la figure formée par une série de configurations jugées signifiantes et de préférence mais pas nécessairement consécutives. Statistiquement, cela implique que si l’on considère un ensemble de 100 dates marquantes selon des critères de présence ou d’absence, liés à la dialectique masse/chefs, il faudra que la majorité s’inscrive dans un seul et même carré. A la différence du cycle lunaire dont le zodiaque parcourt tout le zodiaque, le cycle saturnien que nous préconisons s’inscrit dans un double carré immuable- soit une étoile à huit branches avec des intervalles de 45°- ou du moins dont l’évolution est extrêmement lente.

C’est ainsi que dans certains domaines de la biologie, des chercheurs ont décrit par une ellipse certains phénomènes.

Notre propos est de disqualifier les prévisions astrologiques – ou les rétrovisions- actuelles qui ne correspondent à aucun formalisme répétitif simple, du fait qu’elles sont saturées d’informations parasites/ Il est temps de comprendre que tout ce qui figure dans le ciel à un moment donné n’est pas nécessairement signifiant pour expliquer une situation psychosociologique donnée. Or, c’est bien là un postulat de l’astrologie actuelle : tout ce qui figure dans le ciel à un moment donné est nécessairement en interaction et fait sens. Cela aboutit à une forme totalement brouillée et jamais tout à fait répétitive, si ce n’est sur de très longues périodes.

Si l’on nous demande à quelle forme géométrique correspond le temps astrologique, nous répondrons qu’il correspond à la figure du carré, ce qui signifie que Saturne découpe le zodiaque en 4 temps, correspondant aux aspects de carré et d’opposition. Mais c’est un carré statique, stellaire, à la différence du triangle formé par les conjonctions Jupiter-Saturne, articulé sur les 4 Eléments ou triplicités. Le carré, quant à lui, correspond à ce qu’on appelle en astrologie les quadruplicités (cardinaux, fixes, mutables). Rappelons que l’astrologie allemande d’avant la Seconde Guerre Mondiale (notamment celle d’un Reinhold Ebertin « pliait » le cercle de façon à n’avoir plus qu’un espace de 90°. Il semble que Kepler ait été frappé, il y a 400 ans, par la forme triangulaire que générait la théorie des grandes conjonctions Jupiter-Saturne, développée à partir du Xe siècle de notre ère par Albumasar.

Certes, si l’on prend chaque cycle séparément, l’on peut faire apparaitre une figure de carré, sur la base conjonction-carré-opposition. Il faut pour cela relier entre eux les points zodiacaux concernés par ces aspects mais ceux-ci varient d’un cycle au suivant, formant ainsi toutes sortes de figure et certainement pas une seule, ce qui n’est possible que si l’on limite de façon draconienne le nombre de cycles. Et encore, seul un référentiel stellaire permettrait d’inscrire dans le ciel une figure géométrique constante. Il n’est pas possible de tenir compte de tous les liens pouvant se former entre corps célestes sur une certaine durée, si l’on entend produire une figure géométrique du Temps. La géométrisation exige de s’en tenir très strictement à un nombre limité de données, ce qui d’ailleurs permettrait de s’assurer de la valeur de telle ou telle en la soumettant aux exigences de la géométrisation zodiacale.

En d’autres termes, considérant le zodiaque, quelle figure l’astrologue met-il en avant durant le parcours d’un astre donné, au cours d’une révolution sidérale ? S’il associe une planète avec toute une série de rencontres, il n’arrivera à rien de géométrique. C’est l’écueil qui a été celui d’un Dane Rudhyar. En effet, toute planète a sa propre vitesse de révolution et donc perturbe, au niveau géométrique, la structuration des autres planètes auxquelles elle serait associée, même ponctuellement. On est là dans un désordre cosmique inventé par les astrologues lesquels connectent des astres qui n’ont en commun que d’appartenir au même système solaire.

Or, l’existence même des aspects en astrologie, leurs noms font foi- nous renvoie à l’existence d’une forme de géométrie non pas tant spatiale que temporelle. Mais force est de constater que l’on appelle de nos jours « carré » ou « trigone » des segments et non plus des figures. Imaginons une figure géométrique faite de toutes sortes d’angles, elle serait difforme.

Le carré est, on le sait, le mal aimé de l’astrologie alors que le trigone évoque des choses qui viennent facilement. C’est là une représentation à corriger radicalement d’autant qu’il y a de « bons » et de « mauvais » carrés. Toute structure génère une anti-structure. Si l’on détermine une figure opérationnelle et qu’on la décale suffisamment, on aboutit à son contraire. On peut ainsi faire alterner géométriquement des énergies opposées, tout comme le jour et la nuit, l’Eté et l’Hiver. On passe de la présence à l’absence.

En limitant l’exposé de l’astrologie prévisionnelle à cette double structure en carré, l’on prend ainsi le relais du formalisme qui avait si bien réussi à l’astrologie entre le Xe et le XVIIIe siècle, à savoir les triangles constitués par les conjonctions Jupiter-Saturne. L’exposé de cette astrologie peut se faire simplement et doit être accompagné de toute une série d’exemples, d’applications où chacun peut suivre le raisonnement, même quand on est novice en la matière. Or, avec la présentation classique du b-a ba de l’astrologie, les gens sont noyés, ils ne suivent plus et ils partent sans aucun bagage alors qu’on pourrait tout simplement leur distribuer des schémas très simples. Même quand on interprète un thème pour illustrer un propos, c’est tout de suite très compliqué. Tout se passe comme si l’enseignant en astrologie cherchait à montrer à quel point son savoir exige du temps pour être assimilé, ce qui va justifier toute une série de cours. C’est dire que l’astrologie est prise entre deux enjeux : l’un celui de la consultation où l’astrologue cherche quasiment à faire oublier la technicité de l’astrologie et celui de l’enseignement où cette technicité occupe toute la place et peut justifier une formation sur plusieurs années. Or, nous réfutons ces deux voies : nous pensons que la consultation exige de se servir de figures astrologiques très claires et bien définies, d’une part et d’autre part que l’enseignement est avant tout un entrainement pour bien maitriser un outil astrologique complètement rénové et élagué, débarrassé de tout un appareil divinatoire qui vise à atteindre à une précision de détail alors même que l’on ne sait même plus dessiner le cadre général.

@ suivre

Jacques Halbronn