Gérard de SÈDE // Écrivain (Paris, 5 juin 1921 – Montluçon, 30 mai 2004) De son vrai nom Géraud Marie de Sède de Liéoux, Gérard de Sède voit le jour dans une famille monarchiste. Si ses parents sont tous deux militants de l’Action Française, où son père, Marcel, se lie notamment à Georges Bernanos, il va, très rapidement, prendre une direction politique tout opposée. Après qu’il eût adhéré à l’Action Française, ses amitiés lycéennes lui font rejeter l’idéologie politique familiale.

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En 1936-37, il prend ainsi parti pour le Front Populaire et envisage même de s’engager pour la République espagnole, mais le chargé de recrutement des brigadistes à Paris, Jozip Broz (le futur Tito) l’en dissuade. Ayant obtenu son bac, il entame des études de droit et littérature. C’est à la Sorbonne qu’il rencontre Marie-Andrée. Nouant des contacts étroits avec le mouvement surréaliste, il produit ses premières œuvres. Lorsqu’en septembre 1939 la guerre éclate, il est en vacances dans le Sud-Ouest et s’inscrit à la faculté de Toulouse pour poursuivre ses études. Alors que sa famille sombre dans le pétainisme, Gérard de Sède s’engage dans ce qui peu à peu allait devenir la Résistance. Arrêté par les Allemands pour franchissement illégal de la ligne de démarcation, il est pour un temps incarcéré à Bourges. Durant cette période noire, ses contacts avec les surréalistes se renforcent, et c’est avec certains d’entre eux qu’il mène ses actions.

Ses productions littéraires se poursuivent, à visée aussi bien artistique que politique. Envisageant la résistance armée comme un moyen d’instaurer un monde nouveau, il côtoie les milieux trotskystes. Décoré pour fait de Résistance, il rejoint brièvement l’armée régulière dont ses convictions le détournent assez vite cependant. Étudiant la philosophie, il devient l’élève de Gaston Bachelard, sous la direction duquel il rédige un mémoire sur Jean-Jacques Rousseau. En 1946, il épouse Marie-Andrée, qui a été sa compagne de Résistance, et que ses amis connaissent sous le nom de « Sophie. » Lui-même rejette son prénom de Géraud, qu’il associe à celui de son grand père maternel, et se fait appeler Gérard. Après avoir exercé différentes professions, il devient journaliste. Au début des années 50, il noue différentes relations qui vont intellectuellement le marquer : il se lie ainsi avec les poètes Nazim Hikmet et Édouard Glissant, ainsi qu’avec le philosophe Henri Lefebvre. Dans le même temps, il renoue avec André Breton et son entourage. Attiré par la politique de Tito, il se rend en Yougoslavie avec Sophie et leurs trois enfants, Nicolas, Anne et Agnès. Sa carrière de journaliste, peu à peu spécialisée dans le politique, se heurte toutefois à ses engagements. Après avoir travaillé pour l’agence United Press et pour différentes publications, il met un terme à sa carrière pour avoir pris des positions contraires à celles de ses employeurs. Il s’installe alors dans les landes où il entreprend de devenir agriculteur. Mais l’entreprise tourne court. Après la naissance d’un quatrième enfant, Arnaud, il s’installe dans une nouvelle ferme, en Normandie cette fois – où un jour il emploie un ouvrier agricole, Roger Lhomoy, qui va le conduire à Gisors.

Peu après, renouant avec le journalisme, il s’installe à Paris et est embauché par l’Agence France Presse. Dans le même temps, il publie un petit ouvrage caustique sur la noblesse des années soixante : Petite Encyclopédie des Grandes Familles. Intrigué par les propos de Roger Lhomoy, qui affirme avoir fait une extraordinaire découverte à Gisors, il publie un article sur le sujet, qui lui vaut quelques jours après de recevoir une énigmatique lettre signée Pierre Plantard. Désirant le rencontrer, ce dernier lui fournit un nombre important de documents à partir desquels il écrit : Les Templiers sont parmi nous. Paru chez Julliard, l’ouvrage ayant connu un succès certain, Gérard de Sède va enchaîner les publications dans le même registre. En 1966, paraît chez le même éditeur Le trésor cathare et, en 1967, L’Or de Rennes, écrit sous l’inspiration de Pierre Plantard et qui va être un véritable déclencheur quant à l’intérêt porté par le public à l’affaire Saunière.

8-2.jpg Fort de ces succès, Gérard de Sède poursuit une carrière littéraire bien remplie. En 1971 paraît chez Plon Signé Rose- Croix, version augmentée de son premier ouvrage sur l’affaire de Rennes. Puis, en 1973, toujours sous l’inspiration de Pierre Plantard et Philippe de Cherisey, il écrit La Race Fabuleuse (J’ai lu), dont le propos est si manifestement étonnant qu’il invite à lire entre les lignes. D’autres ouvrages expriment son engagement auprès de la cause occitane, comme 700 ans de révolte occitane paru chez Plon en 1982.

Tandis que les ouvrages se succèdent, il s’éloigne peu à peu de sa famille, et entreprend divers voyages à travers le monde. En 1988, il revient à l’affaire de Rennes avec Rennes-le-Château : le dossier, les impostures, les fantasmes (Laffont) où il pose un regard critique et démystificateur sur l’ensemble de l’affaire.

Retraité, il s’installe un temps au Nicaragua, puis en Belgique près de Liège, avant de retrouver la France dans les années 1990, pour vivre dans l’Allier auprès de Sophie. C’est avec elle qu’il cosigne deux nouveaux ouvrages : L’Occultisme dans la Politique (Laffont, 1994), et Vues Hérétiques sur l’Héraldique (Dervy, 2003). Il meurt à Montluçon le 30 mai 2004. Le 4 juin, il est inhumé à Liéoux.

ABC de RLC (extrait)

BERLIER, GARNIER, DOUMERGUE, DUGESL’Encyclopédie de Rennes-le-Château, Arqa ed. 2008, et pour les Chroniques de Mars, juillet 2011.

Illustration // ABC de RLC © Rare photo historique, publiée dans l’ABC de RLC, l’Encyclopédie de Rennes-le-Château, ou l’on peut voir sur la même photo : Henri Buthion, Jean-Pierre Monteils et Gérard de Sède, à Rennes-le-Château, en juillet 1974.