Rappelons que Néroman contribua, en son temps, aux techniques prévisionnelles par ses progressions évolutives (reprises par Pierre Heckel). Au départ Néroman évoquait le ralentissement progressif de la vitesse de cicatrisation. Au niveau cyclologique, nous dirons que le début d’un cycle est plus rapide en son rythme que la fin d’un cycle, même si le temps imparti est le même.
C’est ainsi que nous dirons que le temps des quatre planètes qui nous servent à découper un astro-cycle varie avec la vitesse de leur révolution. Non pas, comme l’on sait, que nous suivions le parcours des dites planètes sur le zodiaque mais parce qu’il y a là une symbolique analogique qui veut que Jupiter étant plus lent que Vénus, son rythme astrologique soit également plus lent. On donne plus de temps au temps sous Mars que sous Mercure. Nicola a conçu le RET dans cet esprit mais sur la base de 10 tonalités astrales et non de quatre, confondant planètes actives et planètes passives.

Pour comprendre en effet ce qui change quand on passe d’une phase « planétaire » à l’autre, il convient de noter qu’il y a comme un ralentissement, les choses se jouent davantage dans la durée, on approfondit davantage, on en reste moins au niveau des apparences immédiates.On va moins vite en besogne.

Cela signifie, en fait, que l’on se lasse, au fur et à mesure que le cycle avance, d’une sorte de trépidation, qui exige une attention, une vigilance de chaque instant, ce qui devient épuisant quand le cycle en quelque sorte ralentit. Certes, chaque phase a la même durée mais son découpage sera de moins en moins serré. Le rythme sera moins soutenu. A partir de là, une telle baisse de régime ne permet plus de réaliser les performances passées. On a moins d’énergie à dépenser au quotidien. On passe ainsi du temps de l’hyperinformation à celui de l’autofonctionnement. On ne veut plus chercher à perpétuer des systèmes qui ne tiennent plus la route qu’en faisant preuve d’ingéniosité « métissienne »et l’on préfère ne garder que ce qui en vaut la peine, sans recourir à des béquilles.

Inversement, quand on se rapproche du début d’un cycle, le rythme devient de plus en plus rapide. Le monde rajeunit.
On veut aller, faire vite. On se déclare dans l’urgence quitte à prendre des mesures à effet immédiat, sans traîner.

Rappelons tout l’intérêt qu’il y a à accorder un certain temps à chaque phase et à placer une phase sous le patronage d’une planète. Le problème, c’est que parfois une telle répartition des planètes entre les phases se calcule de façon assez aléatoire. Prenons le cas des dasas de l’astrologie indienne/hindoue. (cf. entretien avec Didier Massoule, non enregistré). On regarde dans quel décan a eu lieu une naissance ; du fait que chaque décan est associé à une des planètes du septénaire et aux nœuds de la Lune (Rahou et Ketou).

Si l’on a la Lune, à la naissance, dans le décan de Mars, par exemple, le né commencera sa vie sous le dasa de Mars et ainsi de suite. C’est donc une affaire individuelle. Or, nous pensons que toute phase doit avoir valeur universelle. Quand on est dans la phase de Jupiter, nous sommes tous interpellé par les énergies jupitériennes et ainsi de suite. Chez les Hindous, chaque dasa est d’une durée différente alors que toute phase, selon nous, est égale aux trois autres et cela ne part pas de la date de naissance de qui que ce soit, roi ou quidam.

Mais revenons au contenu de nos quatre phases (Vénus, Métis, Vulcain et Jupiter). On peut dire qu’il y a d’abord une phase évolutive (déesses) puis une phase involutive (dieux). Tout au long de la première, l’on tend à ajouter alors que tout au long de la seconde, l’on tend à soustraire, à retirer, à se dépouiller. On passe de l’horizontalité à la verticalité. Quand on s’élève en ballon, il faut bien jeter du lest. En début de cycle, l’on atterrit, l’on s’incarne en fin de cycle, l’on s’envole, on évacue les bagages par trop encombrant.

La phase où l’on ajoute est marquée par des solutions sommaires : un fruit n’est pas assez sucré, qu’à cela ne tienne, qu’on y mette du sucre et le tour est joué. On n’aura pas à repenser la culture du dit fruit. C’est le temps des solutions rapides et spectaculaires, un rien démagogiques et artificieuses.

A contrario, la phase où l’on opère un tri, est marquée par des projets à plus long terme et à des changements plus profonds. Mais pour ce faire, il importe de se faire une idée juste de la situation, sans fard féminin. C’est la chasse aux imposteurs et aux impostures. Cette phase fait l’inventaire des ressources les plus certaines, des valeurs les plus sûres, c’est-à-dire celles qui ne datent pas d’hier. Cela signifie aussi se limiter à des objectifs raisonnables, ne pas promettre des miracles.

L’astrologie est, en soi, un bon exemple, de ce que nous exposons ici. En phase involutive, elle se doit de renoncer à appréhender le plan individuel pour se contenter de cerner le collectif. Le plan individuel – qui est celui de l’hyperinformation – se révèle par trop ambitieux. L’astropsychologie doit accepter une psychologie globale avec une diversité des phases et non des gens. Bref, un modèle bien plus économique. En phase évolutive, a contrario, l’astrologie peut se lancer dans des opérations plus spécifiques, plus particulières, notamment dans le domaine médical (l’Homme Zodiaque est une planche anatomique), voire dans le champ divinatoire. Mais en phase involutive, l’on doit renoncer à de telles chimères et accepter un recentrage sur l’essentiel avant de s’intéresser à ce qui ne doit venir que dans un second temps. Comme on l’a dit, les solutions immédiates viennent d’abord puis elles font long feu et plutôt que de foncer de l’avant pour changer le monde, on prendra finalement le temps de le comprendre tel qu’il est en profondeur, quitte à circonscrire un noyau dur.

En fait, nous évoluons tous dans le même sens : entendons que nous prenons conscience de la nécessité de procéder autrement, certains y parviennent plus tôt que d’autres mais ils seront rejoints par le grand nombre. Certains discours qui ne passaient pas finissent par être considérés comme des évidences, un peu plus tard. C’est ainsi que l’idée fait maintenant son chemin (cf. notre entretien non enregistré avec Véronique Glorieux) quant à l’intérêt qu’il peut y avoir à montrer que l’astrologie nous annonce des changements de mentalité à grande échelle et ne se perd pas dans l’hyperinformtion personnelle de celui-ci ou de celui-là. A terme, cela signifie, en référence à ce que nous appelons l’autofonctionnement, .que l’outil astrologique doit s’uniformiser et se simplifier puisqu’il renonce à une approche arachnéenne comme celle prônée par un Dane Rudhyar apôtre de l’Astrologie de la Personnalité. Cette astropsychologie est inflationniste et ne fonctionne que du fait de l’ingéniosité des praticiens, qui parviennent, peu ou prou, à en masquer et pallier les carences structurelles. La phase involutive actuelle, avec Saturne au mi-point entre Regulus et d’Antarés, deux étoiles fixes royales, devrait revaloriser l’Astrologie Mondiale par rapport à l’Astrologie du thème natal qui en est une sorte d’appendice dont on peut se passer le cas échéant.. .Dire que l’astrologie a primordialement pour vocation à nous parler de l’individu s’avère un contresens majeur. Cette dimension individuelle est une tentation à laquelle l’astrologie doit résister. Avant d’aménager chaque appartement d’une maison, encore faut-il construire celle-ci. L’architecte a le pas sur le décorateur. Mais il est vrai que dans un premier temps, l’on peut se satisfaire d’un bricolage superficiel, de solutions temporaires, comme de pratiquer les « premiers soins », le premier « secours », avant de procéder à des opérations beaucoup plus spécialisées et exigeant de toutes autres compétences. Il est vrai que dans une consultation, quand les gens sont dans l’urgence, il faut réagir dans une certaine précipitation, au cas par cas avant de trouver des solutions d’ensemble.

Nous pensons que de telles remarques de bon sens, et la tenue d’un discours transparent, qui s’en tient à des objectifs que l’on peut atteindre et valider statistiquement est désormais préférable à la « cuisine » de l’astrologie individuelle. D’ailleurs, instinctivement, qu’on le veuille ou non, qu’attend le public de l’astrologie sinon des directives générales, valables pour un grand nombre de cas. Même si nous ne valorisons pas particulièrement le modèle des 12 signes, force est de constater que les gens y cherchent à vérifier si tous ceux qui sont né sous tel signe se ressemblent. Si l’on remplace les 12 signes par le quatuor de planètes symboliques (Vénus, Mercure, Mars, Jupiter devenu Vénus Métis Vulcain et Jupiter), nous pourrons faire considérablement avancer la pénétration de l’astrologie dans le public. Que l’on ne se trompe donc pas de cible, comme dans diverses associations astrologiques, l’enjeu n’est pas de promouvoir une astrologie de l’individu face à une anthropologie des 12 signes, comme on l’entend trop souvent mais bien de remplacer une astrologie horizontale de la typologie zodiacale par une astrologie verticale des 4 phases du cycle saturnien, calqué sur le cycle lunaire. C’est autour de ce modèle, se limitant aux planètes connues des Anciens, que nous entendons rassembler au cours des années à venir ceux qui entendent se battre pour la reconnaissance de l’Astrologie. Ce que nous proposons est donc bel et bien une alternative à toute forme d’astrologie individuelle et ne sachant pas s’en tenir au cadre traditionnel du septénaire ainsi qu’aux repères stellaires établis depuis plus de 5000 ans. Notre astrologie s’en tient à une rythmicité dont le cycle se limite à 7 ans pour parcourir l’ensemble des tonalités. Les additions transsaturniennes nous apparaissent comme une sorte d’excroissance dont il faudra bien faire le deuil et qui consiste à se précipiter sur le dernier gadget astronomique en date pour « compléter » la palette de l’astrologue. Or, le temps n’est plus à « compléter » mais bien à élaguer.

Il y a un temps pour chaque chose…

Jacques Halbronn