« Nous avons à réaliser maintenant le plus beau défi que notre humanité ait jamais eu à relever au cours de son histoire : arrêter nos propres programmes d’autodestruction, et transformer la société par une évolution de l’art de vivre…
SOYEZ LE CHANGEMENT QUE VOUS SOUHAITERIEZ VOIR DANS LE MONDE ! »

Gandhi

E. D. I. T. O > 2012

« Dieu est un fumeur de havanes »

En 1945, un ouvrage de science-fiction, remarquable, d’Alfred Elton Van Vogt, « The World of Null-A », (traduit en français par Boris Vian, excusez du peu), met en scène un monde anticipé, celui des A et des « non-A »… Sans entrer dans le déroulement de cet ouvrage – un projet d’invasion planétaire par une civilisation galactique hégémonique – il est difficile de ne pas penser aujourd’hui à nos économistes distingués qui, eux, vivent dans le monde du triple A, et ne sont pas pour autant (comme dans le roman), pourvus de matières cérébrales additionnelles…

En effet, en 2012, dans un monde spatial partagé, lui, entre ceux qui sont sur Facebook et ceux qui ne le sont pas, un espace où se dessine un univers en coupe réglée reléguant la pensée du siècle des Lumières à un vulgaire concept décadent, peu amène à maîtriser la puissance de l’idéologie capitalistique globalisée, il n’est pas inconcevable d’imaginer que notre douce France va bientôt ressembler d’avantage à un parc Astérix peuplé de réductibles gaulois qu’à un leader économique européen, phare du monde moderne. Les agences de notations internationales qui sont à la Prophétie des grands temps ce que le wasabi est à la cuisine française ont donc décidé d’un commun accord de nous pourrir sans concession notre nouvelle année 2012, et d’amener progressivement la capitulation de nos démocraties face à la horde de la finance mondialisée.

N’est-ce pas monsieur Philippulus ?

La prophétie en la matière, pour ces agences internationales, se réduit en outre comme un ourobouros avalant sa queue, à anticiper la chute des états nations, chute qu’elles provoquent par ailleurs elles-mêmes, grâce à leurs système de notation… Du grand art ! Autrement dit, un moyen comme un autre d’amplifier de façon factice les cycles économiques à bon compte.

Il est inutile de s’appeler Michel Nostradamus ou Johannes Kepler pour prévoir en cette année 2012, année de fin des Temps – que les Mayas nous content comme une fin de cycle – que le grand Magic Circus planétaire est un peu, (beaucoup diront certains), devenu fou, et que le dérèglement du Monde prophétisé par Amin Maalouf, commencera à prendre une certaine saveur durant cette période annonciatrice d’élections de toutes sortes. Le pic de Bugarach, (une bien curieuse montagne magique dans l’Aude), est en passe, dans le même temps, de devenir un « centre du Monde », piège à Ovnis et chakra cosmo-tellurique qui va sans aucun doute reléguer en décembre prochain, la mythique gare de Perpignan, chère à l’illustre Dali, à un phénomène anecdotique remisé sans ménagement dans les oubliettes pataphysiques de l’Histoire. Car, comme on peut le constater finalement, le Surréalisme de Breton – d’une certaine manière – n’était que l’antichambre opaque et invisiblement phosphorescente d’un surnaturalisme moderne apte à capter toutes les vivantes attentions de la blogosphère twiterisée et hautement médiatique. Le Surréalisme… ? Une escarmouche de l’Infrahistoire qui ne demandait qu’à accoucher péniblement, à l’aube du XXIe siècle, d’un enfant terrible, un territoire perdu, un sixième continent insoupçonné jusqu’alors. What else ?

A la City de Londres, en costards-cravates, les traders des marchés financiers misent sur écrans verts leurs subprimes comme l’on joue au Casino à Végas. A ce jeu de dupes, le poker menteur mondialisé crée des perspectives insoupçonnées. Les états-nations, en perdant le contrôle de leurs structures économiques, mettent à jour la perversité de ce que certains auteurs visionnaires ont appelé la « dictature inversée », curieux concept philosophico-politique d’un système liberticide tellement subtil dans sa tenue de camouflage qu’Orwell ou Dick n’avaient pas songé le moins du monde à le mettre en scène dans leurs ouvrages. La réalité restera donc toujours plus puissante que la fiction pour la simple et bonne raison que l’anticipation seule ne suffit pas à créer les conditions nécessaires à une prophétie de haute lignée. Le chaos de la réalité à venir façonne une perception subtile mais secondaire et seule prévaut finalement, au plan des arcanes, l’organisation véritable, individuelle et collective, d’un présent à vivre, à l’instant T. Gouverner c’est prévoir, certes, mais anticiper n’est pas donné à monsieur tout le monde.

En cela réside la seule vérité intangible de la création, imaginant que le meilleur reste à venir.

Dans la métaphysique des formes révélées, en haut, dans les soubresauts du temps, face aux trois Aleph, dans un angle du ciel, replié comme l’on plie une nappe de Noël, un grand aigle noir aux serres argentées ramasse sans rancune ses grandes ailes sombres et scrute, en bas, le pouvoir des non-A. L’homme-oiseau avait bien compris depuis longtemps que la dualité vilipendée par les caciques occidentaux, valait bien tous les systèmes non duels que certains gourous déposaient devant sa paillasse, avec la déférence due à son rang.

Bien sûr, ces quelques digressions oiseuses et de mauvaises augures en apparence, ne nous empêchent pas de penser, en attendant la fin du cinquième soleil, que la Terre est bleue comme une orange, que les pingouins d’Amazonie brillent de mille feux et que l’année sera belle et enchanteresse telle une bimbo siliconée.

Aussi, mon clavier et ma souris, et les quelques zamis qui façonnent régulièrement ce programme et « les Chroniques de Mars », se joignent à moi en quelques volutes de cigares, la mémoire en avant, dans le merveilleux monde enchanté du triple A, pour vous souhaiter en cœur, une très bonne nouvelle année 2012, douce et ambitieuse, capiteuse et agréablement aromatisée de parfums de vanille.

>[Le Flash de Thot – No 27, janvier 2012]

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