Interview de Gil Alonso-Mier

en exclusivité pour la Lettre de Thot

Gil Alonso-Mier

Gil Alonso-Mier est né le 13 septembre 1958 à Bondy (Seine Saint-Denis), d’un père basque et d’une mère française, d’ascendance polonaise, par sa grand-mère.

Professeur – mot à prendre dans son sens antique c’est-à-dire éveilleur, thérapeute, poète et hiérophante – d’anglais, il se passionne pour les mythes, cultures et coutumes du monde entier. Depuis très jeune il n’a cessé d’explorer la Tradition Primordiale occidentale sous tous ses aspects : de l’Atlantide de Platon à la légendaire ville d’Ys, de l’ancien royaume de l’Hyperborée à la Celtide inconnue et mythique chère à nos Aïeux. Au son envoûtant de la harpe de Merlin ses nombreux voyages en Bretagne, en Irlande, en Angleterre, au Pays-de-Galles… l’ont conduit sur les sentiers éprouvés de la Queste du Graal dont il est aujourd’hui un des plus fins connaisseurs en Europe.

Son travail exceptionnel sur ces différents sujets est aujourd’hui reconnu par les meilleurs spécialistes et universitaires. Il couvre plusieurs milliers de pages manuscrites et des dizaines de volumes sont encore en cours d’achèvement et en préparation.

Son intérêt majeur pour la recherche hermétique concerne plus particulièrement l’Ésotérisme Chrétien et notamment le thème de l’Église Intérieure, avec des personnages illustres comme Paracelse, Michael Maier, Robert Fludd, Madathanus, Eckartshausen, Lopoukhine, Monsieur Philippe de Lyon , où là encore, son travail de chercheur éminent fait autorité.

Gil Alonso-Mier, fait partie de ces êtres rares qu’il nous a été donné de rencontrer. Il allie à une immense érudition sur les matières qu’il affectionne – soutenue par ses nombreux travaux sur le terrain et en bibliothèques – une égale simplicité d’humeur et une générosité envers son prochain, suffisamment rare pour être exemplaire.

Thierry E Garnier © DR // LdT 2006

Gil Alonso-Mier

Interview pour la Lettre de Thot

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Arcadia : Gil Alonso-Mier, comment vous est venue cette idée de biographie sur François Schlatter ?

Gil Alonso-Mier : Eh bien, tout d’abord j’ai lu un remarquable article de la revue « L’initiation » (fondée en 1888 par Papus) intitulé « Schlatter, Vignes et Philippe, les envoyés du Père ». Je connaissais déjà un peu l’extraordinaire travail et personnalité de monsieur Philippe de Lyon et celui-ci me touche au plus au point, mais les deux autres personnages m’étaient tout à fait inconnus. Je suis ensuite tombé, à ma grande surprise, sur deux comptes-rendus du regretté mystique André Savoret que j’aime beaucoup et à qui je rends hommage en exergue du livre, c’était dans : « Médecins, guérisseurs et charlatans » et dans : « Les forces de la vie ». Sur une typologie de guérisseurs classée en trois catégories, seuls Schlatter et monsieur Philippe de Lyon étaient cités dans les guérisseurs spirituels, tous les autres étaient nommés comme étant des guérisseurs soient « astraux » soient « physiques.»

J’avais également tapé les trois articles en français sur François Schlatter pour le beau site internet de mystique chrétienne de Roland Soyer (1). Ce qu’on y apprenait du personnage donnait envie d’en savoir un peu plus. Et, titillé depuis longtemps par le thème de la guérison d’un point de vue spirituel, la découverte d’un personnage tel que lui était un peu une étape obligée. Je n’ai pas été déçu du « voyage »…

Arcadia : Gil Alonso-Mier, parlez-nous un peu de ce « Père » qui était en contact permanent avec François Schlatter, qui était-il exactement ?

Gil Alonso-Mier : François Schlatter pensait être en relation régulière avec le Père de la création. Aussi un dialogue s’instaurait entre les deux. Concernant sa puissance de guérison, il disait qu’elle provenait également du Père, que lui ne pouvait rien faire de par sa propre volonté. Tout ceci peut paraître purement subjectif mais il faut bien reconnaître qu’il était guidé pour aller dans tel ou tel endroit. Il avait parfois le droit de dormir ou de ne pas dormir en un lieu donné, il pouvait ou non absorber de la nourriture et il en était de même pour les guérisons. C’est dans ce « Père » qu’il trouvera la puissance pour vaincre toutes sortes de maladies (cécités, surdités, paralysies…) et c’est aussi par lui que se déroulera sa mission.

Arcadia : Il est fabuleux d’avoir retrouvé la trace du « bâton » du guérisseur…

Gil Alonso-Mier : C’est en effet un aspect assez extraordinaire. Mais il y en a bien d’autres sur lesquels focaliser notre attention. Cela dit, pour un chercheur, c’est synonyme de preuve. Mais il demeure bien difficile de savoir si François Schlatter en avait demandé la réalisation dans un but précis, si on le lui a donné sans aucune arrière pensée ou si le Père lui demandait simplement de s’exercer avec pour se maintenir en parfaite forme physique (2).

En fait c’est un peu un dialogue privilégié entre le Père et Schlatter.

Quand ce dernier explique les choses, tout est facile pour nous. Lorsqu’il n’y a pas ou peu d’explications, on a très envie de donner une interprétation mais après tant d’années on n’est pas très sûr du résultat et comme je suis d’un naturel prudent je vous dirai franchement que je ne suis pas assez compétent pour proposer une interprétation définitive aujourd’hui, mais nous aurons peut-être une réponse un jour à moins qu’il y ait des spécialistes dans la salle (rires).

Des gens qui utilisent un bâton en cuivre de 14 kilos pour effectuer des exercices physiques, cela ne court quand même pas les rues, n’est-ce pas ?

Arcadia : Cette recherche biographique a-t-elle modifié votre spiritualité ?

Gil Alonso-Mier : Pas dans ses grandes lignes. Mais, ce que je trouve remarquable c’est la trajectoire de vie de Schlatter et je m’interroge sans cesse sur des valeurs essentielles. Je crois qu’il met l’accent sur bon nombre de points névralgiques de l’humain et nous oblige à nous remettre en question. Les questions les plus simples sont aussi les plus profondes. D’où je viens ? Suis-je charitable ? Ai-je la foi ?… Et notre petit confort matériel, faut-il continuer à l’entretenir ? Peut-on arrêter d’être consommateurs (y compris dans notre spiritualité !) ?

Qu’ai-je accompli d’essentiel pour mon prochain ?

Quels sont nos devoirs véritables vis-à-vis du Ciel, vis-à-vis de la famille humaine, vis-à-vis de la nature ?…

Arcadia : Votre ouvrage comporte une surabondance de notes absolument extraordinaires avec un nombre de sources inédites qui se comptent en centaines, provenant tant de France que des USA. C’est un véritable travail de chercheur. Cela a-t-il été pour vous difficile de vous effacer en tant qu’auteur, pour laisser parler au maximum les archives et les témoignages ?

Gil Alonso-Mier : Vous savez, écrire un ouvrage n’est pas neutre. Celui-ci part toujours d’un parti pris. Un ami m’avait dit : lis tout ce que tu peux sur le personnage, prends des notes et oublie tes notes puis raconte sa vie…

J’ai finalement opté pour une méthode opposée.

J’ai préféré m’appuyer le plus possible sur des sources authentiques pour ne pas extrapoler et être le plus véridique possible, un vrai travail de journaliste en somme ! Sinon, on n’aurait pas cru au personnage. J’aurais écrit un beau roman, une fiction Et je ne voulais pas que ce soit une fiction mais un personnage « en chair et en os » qui colle le plus possible à la réalité. De plus avec l’appareil critique en tant que tel, je restitue in-extenso dans mon livre deux textes majeurs. Le premier de François Schlatter lui-même, un texte absolument rarissime qui existe aux Etats-Unis en seulement trois exemplaires, et un témoignage de première main édité du vivant de Schlatter, reproduit également fidèlement. Ainsi que des lettres très importantes concernant ce personnage fascinant (3).

Ce fut quand même un travail plutôt ingrat, surtout pour un premier livre – mais au final la réussite est au rendez-vous ! Et j’en suis parfaitement heureux.

Arcadia : On a rapporté à l’époque le chiffre de 100 000 guérisons en 58 jours, ce chiffre est-il crédible véritablement ?

Gil Alonso-Mier : C’est une remarque légitime, mais ce chiffre est en fait le plus bas de ceux donnés par les journalistes ! La fourchette de gens guéris est bien plus importante que cela, en réalité ! Je n’ose même pas vous donner ces chiffres. Il existait quand même des cahiers où étaient consignés les guérisons au quotidien. Les témoignages d’époque sont extrêmement précis et rigoureux dans leurs comptes-rendus. D’autre part, les journalistes présents sur place détaillaient tout scrupuleusement. Certains comptaient, d’autres enregistraient… Dans le livre certains noms des patients, qui l’ont accepté à l’époque, figurent avec le nom de leur maladie et leur adresse personnelle. Nombreux par pudeur n’ont rien voulu dire. D’autres ont attendu des années avant de parler. Ces guérisons étaient diverses : aveugles, sourds, estropiés, rhumatisants. C’était une véritable cour des miracles qui défilait devant Schlatter dans la ville de Denver ! Il y a eu des jours où la foule avoisinait les 5 000 personnes, c’est dire. Cela relève du prodige. On peut le contester mais il faut être particulièrement de mauvaise foi ! D’autant plus qu’à travers 60 photographies d’époque – que l’on peut voir dans mon livre – nous avons là un témoignage visuel incontournable et encore vivant, des guérisons opérées par celui qu’il faut bien appeler : « le plus grand thaumaturge de son temps. » Il eut d’ailleurs beaucoup d’autres surnoms ! Ces photos sont plus que des traces… des preuves tangibles de la réalité de ce qu’il se passa alors au Colorado.

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Arcadia : François Schlatter avait-il une technique de guérison particulière ?

Gil Alonso-Mier : Il faut savoir qu’il disait toujours qu’il ne faisait rien par lui-même et que le Père Céleste seul agissait. Il n’a jamais pris le moindre centime pour ses guérisons et je crois que c’est là la marque d’un grand. Il disait qu’il n’y avait besoin d’aucune technique particulière, d’aucun contact physique mais il ne voulait pas choquer les gens. Il aimait prendre une main de son patient, parfois les deux dans les siennes, levait les yeux au Ciel et disait une prière. Parfois les gens plaçaient un mouchoir sur l’organe malade après que celui-ci ait été béni par lui. Des guérisons ont aussi eu lieu par lettres.

Arcadia : Tout a-t-il été dit du personnage dans votre livre ?

Gil Alonso-Mier : Non, loin s’en faut ! On apprend beaucoup de choses sur lui mais il y a des zones d’ombres. Il y a aussi des choses trop intimes que l’on ne peut pas déballer comme ça, tout à trac. Il y a certaines choses aussi dont je ne souhaite pas vraiment parler pour l’instant. Je reviendrai peut-être sur le sujet d’ici quelques années. J’attends d’abord de voir les réactions des gens, des lecteurs et nous aviserons. Cela m’importe beaucoup de savoir comment va être accueilli ce livre, dans notre époque. Avec l’équipe d’Arcadia et de la LdThot, j’ai créé un site internet qui est aujourd’hui le seul site sur le Web consacré à François Schlatter, […j’en profite d’ailleurs pour remercier le webmaster d’Arcadia, pour son travail de qualité] (4).

Arcadia : Comment se fait-il que tant de temps se soit écoulé depuis l’apparition de ces manifestations et qu’il y ait eu un oubli quasi-total du personnage ?

Gil Alonso-Mier : Il y a eu tout de même quelques articles au début du siècle, mais on peut le constater, c’est un cycle de 108 ans (!) … qui s’est écoulé depuis la date singulière de la première disparition de François Schlatter en 1895 jusqu’au commencement de l’écriture de l’ouvrage en 2003. C’est la première biographie en langue française consacrée à François Schlatter, et de très loin la plus complète, avec presque 600 pages de textes et de notes en deux tomes, et plus de 60 documents iconographiques, photographies et fac-similés, c’est une somme de travail qui n’a pas d’équivalent, même aux Etats-Unis. Cela donne une impression bizarre, c’est un peu comme une histoire qui est confiée pour la postérité et celle-ci est un don du ciel qu’il faut savoir partager…

Gil Alonso-Mier & Arcadia – La Lettre de THOT © DR – Décembre 2006

(1) http://livres-mystiques.com/index.htm

(2) Il s’agit d’un bâton en cuivre d’un mètre vingt exactement pour quatorze kilos, seul prototype de la sorte. Il ressemble un peu à une batte de baseball. Ce bâton énigmatique possède en sa partie supérieure une curieuse série de stries, et un trou laissant passer une lanière en cuir. Il en est la propriété du Musée du Nouveau-Mexique depuis 1922. Gil Alonso-Mier développe dans un chapitre entier de son livre, tous les éléments permettant d’essayer de comprendre tant la symbolique attachée à ce bâton que l’utilité pratique d’un tel objet – (Note Arcadia).

(3) Gil Alonso-Mier a assuré lui-même toutes les traductions pour les sources américaines, fonds privés et universités ou bibliothèques – (Note Arcadia).

(4) Voir sur : http://francois-schlatter.org
// La jeunesse de François Schlatter et quelques photographies importantes figurant dans le livre.

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François Schlatter – le site internet

http://francois-schlatter.org