In Memoriam

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« Jean Pellet, un personnage attachant… – Le physique de Claude Pieplu, sans la voix grinçante des Shadocks, un optimisme aussi résistant que la roche du Razès sous la morsure du marteau piqueur, la faconde imagée d’un conteur de Provence, la philosophie de Socrate, l’indifférence devant la mort d’un oriental mais en même temps un appétit des bonnes choses de la vie digne de Rabelais, l’érudition ésotérique d’un rosicrucien parvenu au dernier degré de son initiation, la patience d’un bénédictin, le sens de l’observation, et la déduction de Sherlock Holmes… »

Francis Attard

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Il n’aura finalement pas eu le temps de l’écrire ce livre dont il nous parlait tant ces deux dernières années et qu’il portait en lui depuis toujours, tel un élève dissipé sur les chemins de l’école buissonnière, son cartable en bandoulière empli de souvenirs moirés consacré au fabuleux trésor de Rennes et à son chandelier à sept branches… – Il est parti maintenant sur les routes empierrées d’éternité, loin des vagabondages des sentes du Razès qu’il connaissait mieux que quiconque.

Des histoires sur Rennes et sur son mystérieux trésor, il en savait des milliers, et pour la plupart, souvent, parfois, il en était l’instigateur éclairé. Jamais avare de confidences, il avait aussi, Jean Pellet, un véritable talent de conteur, quitte à bouleverser la donne et à prendre quelques arrangements convenus avec la vérité historique. Mais qu’est la « vérité historique » lorsque l’on forge au passage sa propre légende ? Jean Pellet, « le plus ancien chercheur de Rennes » comme l’appelaient ses amis – arrivé sur les lieux, disait-il, en 1957, il savait tout sur l’affaire… – pourrait on dire… Comme quelques autres, il était passé du statut envié d’acteur enthousiaste de l’époque héroïque à celui de témoin privilégié, qui avait connu De Sède et tous les autres, sans parler de son « meilleur ami » Henri Buthion (1924-2002), avec qui il avait envisagé un temps d’acheter le domaine de l’abbé Saunière… Il était le dernier chercheur vivant a avoir connu Noël Corbu (1912-1968).

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Mais le plus intéressant est ce que Jean Pellet ne disait pas, ou plus exactement ce qu’il confiait sous le « sceau du secret » à quelques rares personnes d’Espéraza ou des environs qui voulaient bien encore l’interroger à loisir sur la topographie audoise…

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Jean Pellet n’était jamais avare de longues dissertations sur l’énigme de Rennes, et pour une anecdote racontée, on avait parfois droit, à quelques temps d’intervalles, à la version officielle et à la version officieuse de la même histoire – et c’était beaucoup mieux ainsi…

georges.jpg Il y avait beaucoup de tiroirs à clés dans les mémoires de Jean. Son seul et dernier compagnon de route, Georges Kiess, de Fa, eut la force, le courage et l’amitié de l’accompagner, quasiment au quotidien, dans ses tourments de fin de vie, prenant régulièrement des nouvelles de Jean, jusqu’à sa fin inéluctable survenue ce 10 septembre 2012 – Georges en bon samaritain et sacré camarade, suivant Jean pas à pas, de ses ultimes adresses dans la région audoise, de son dernier camping car dans lequel il vivait il y a peu encore, jusqu’à son dernier appartement d’Espéraza dans lequel la camarde le surprit, à sa manière, un soir lugubre.

Le souvenir bien vivace de Jean Pellet me montrant de façon ironique, comme un pied de nez à la faucheuse.., une photo de lui à l’age de cinq mois… s’estompe maintenant, son livre de mémoires à jamais inachevé est là pour seulement rappeler que l’impermanence est le seuil de l’éternité.


Thierry E Garnier
article inédit pour les Chroniques de Mars No 9, septembre 2012.

Nota // Maints chercheurs pensaient que toutes les archives de Jean Pellet avaient brûlé lors de l’incendie de sa maison, on y trouvait notamment un lot important de correspondances avec Gérard de Sède, entre autres. Plus de vingt-cinq ans de notes, de photos, de dessins et d’archives tous azimuts, perdus en une seule journée… C’est exact, cependant nous pouvons attester que Jean Pellet, outre le fait qu’il possédait une bonne mémoire des recherches entreprises durant les années soixante, avait somme toute conservé une quantité non négligeable de documents d’archives anciennes et récentes dans sa dernière demeure d’Espéraza.

PELLET Jean // (1931 – 2012 )

pellet_jean.jpg Un des plus anciens chercheurs de Rennes. Il est arrivé à Rennes-le-Château dans le milieu des années 1950 après avoir lu un article sur le « curé aux milliards ». Originaire de Lyon, il quitte bientôt tout pour se lancer dans la recherche du trésor de l’abbé. Convaincu qu’il s’agit du trésor des Wisigoths, il espère découvrir la Menorah. En 1968, il entreprend différentes fouilles dans le domaine de l’abbé Saunière avec la complicité d’Henri Buthion. Il aurait à ce moment-là découvert le départ d’un souterrain, dont Henri Buthion aurait obstrué l’entrée en coulant au dessus une dalle de ciment destinée à servir de piste de danse. En 1972, il co-signe avec Gérard de Sède l’article « Promenade initiatique dans les Gorges de l’Aude » où il est pour la première fois question du tombeau d’Arques (Le Grand Albert n°9, juillet-août 1972). En 1987, il affirme être tout près de découvrir le chandelier à sept branches (Dépêche du Midi, 3 mars 1987).


(Source ABC de RLC).

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Espéraza – Un homme de 81 ans retrouvé mort chez lui

ESPERAZA – Lundi, aux environs de 20 h 30, faisant suite aux appels sans réponse d’une voisine, dans l’immeuble le « Roussillon », les pompiers espérazanais se sont rendus au domicile de Jean Pellet, âgé de 81 ans.

Équipés d’un camion muni d’une grande échelle et accompagnés d’une ambulance, sous la conduite du chef de centre, le major Antoine Pozo, les pompiers ont pu pénétrer, grâce à leur échelle, dans l’appartement de l’octogénaire qu’ils ont, malheureusement, trouvé mort. Le décès serait survenu quelques heures plus tôt, ou tard la veille, car le vieil homme avait même discuté avec des amis sur le marché dominical.

Après constat du décès par le docteur de service, un peu plus tard, ce même jour, les pompes funèbres ont pris en charge le corps de Jean Pellet, ce qui donne à penser que la mort a été déclarée naturelle.

Ses amis et voisins étaient consternés, car Jean Pellet était un personnage très sympathique.

Midi Libre // 12/09/2012

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060b.jpg Jean-Alain Sipra et Jean Pellet à Rennes-le-Château – Photographies (archives Arqa éditions – Thierry E Garnier © & Trésors de L’Histoire, 1995) – La citation de Francis Attard est extraite d’un article de Pierre Jarnac, de Trésors de l’Histoire, premier texte de référence publié faisant état des recherches et du parcours biographique de Jean Pellet à Rennes-le-Château. La correspondance inédite de Jean Pellet, en date du 7 novembre 1968, présentée en illustration, est extraite du livre le Prieuré de SION – Enquête sur le véritable secret de Rennes-le-Château.