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Nous connaissions tous la bête du Haut-Var ou le monstre du Loch Ness, le gros chat des calanques dont certains Marseillais, entendus à la télé, avaient fait « une vraie petite panthère » (c’est vrai que nous, les gens du Sud, avons, paraît-il, tendance à tout grossir), et autres bêtes de Pignans, du Devonshire (celle à une seule patte*), et d’ailleurs. Internet nous apporte son lot régulier de choses improbables, généralement mortes. Il y a toujours aussi de courageux explorateurs (« Doctor Livingstone, I presume ») qui partent – parfois plusieurs fois par an – en Afrique sur la trace des bêtes ignorées du défunt zoologue Bernard Heuvelmans (l’homme de Sherlock au Zoo pour ceux qui ont connu la télé sans couleurs).

Nous connaissions aussi des bêtes plus intimes, celle du grenier, ou celle du placard, si effrayantes pour les petits enfants…

Mais là, c’est d’autre chose dont il s’agit. Frédéric Dard nous en aurait fait un titre genre Ça coince aux cagoinsses. Et c’est bien le cas. L’affaire se passe à Sabadell, au Centre-Est de la Catalogne en 1981 dans un troquet où une canalisation s’est bouchée. On en sortira une bestiasse d’un « gris visqueux » de 4 mètres de long pour un diamètre (?) de 50 centimètres, et d’un poids d’environ 3 kg.

Le vétérinaire local, Albert Villa, estima « qu’il s’agissait d’un animal hybride qui a subi une mutation et peut vivre dans l’enfer des égouts » (ils les trouvent où, leurs vétos ?). Mais au « laboratoire municipal » (c’est vraiment un autre monde…), où l’animal mourut quelques minutes plus tard, et après « une analyse très consciencieuse », le même Villa décréta qu’il s’agissait d’un morceau d’intestin de cheval plein d’excréments et d’adhérences (la tripe vivante a encore frappé !). Fait confirmé par le Dr Gonzálvez du zoo de Barcelone… Ça fit tant et tant de bruit que la presse suivit les péripéties pendant deux mois.

Alors, on se rappela qu’en 1973, c’était « déjà » arrivé. Après donc avoir défini une antiquité dans les apparitions, la rumeur était en place : deux nouveaux cas cette même année de 1981, dont un le – précisément – 13 octobre ! Ce dernier, tout aussi visqueux, mais de « seulement » deux mètres de long, annelé de surcroît, finit, sur décision de la mairie, dans le congélateur de la gargotte !

Y est-il toujours ?

Vous pourrez suivre cette lumineuse affaire sur l’excellent blog du cryptozoologue espagnol Javier Resines.

Michel MOUTET – Les Chroniques de Mars, No 11 – juin 2013.

Nota : méfiez-vous des faux-amis. Un bicho n’a rien à voir avec la maman à Bambi ; c’est une punaise (bug in english) utilisée ici dans le sens informatique : un truc qui coince.

* En Afrique aussi, ils en ont une à une seule patte, c’est une « espèce de poulet » qui se nomme un coliéré, à moins que ce ne soit un coli-éré…

Voir également l’acide critique de Lorenzo Rossi à propos du « bigfoot du Vermont ».