« On ne sait jamais quand le coup va tomber. »

Graham GreenLe troisième homme

(…)

J’ai rencontré par la suite à deux reprises, en 2008, Didier Hericart de Thury, puisque c’est de lui qu’il s’agit.

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Sa réserve naturelle m’amène à en dire peu. En substance, disons que l’homme est aussi réservé que l’auteur est passionné… Ajoutons aussi une réflexion que je peux me permettre d’apporter dans le cadre de cette préface, c’est de signaler, avant tout, (et je pus le constater, ô combien, dans la préparation de ce présent ouvrage), l’extrême générosité de Didier Hericart de Thury. Son humilité, son absence d’ego, faits suffisamment marqués pour être distingués – surtout dans le milieu qui nous concerne – sont chez lui des qualités sincères et durables, ajoutons in fine, sa modestie naturelle dut-elle en souffrir, que sa connaissance du secret des deux Rennes est absolument immense. Arrivé en 1968 pour la première fois à Rennes-le-Château, Didier Hericart de Thury eut des amitiés sur place, au village, qui lui permirent très tôt d’envisager des pistes d’études qui, somme toute, étaient encore fraîches…

3-7.jpg Ses rencontres avec Alain Chatillon notamment, Jean-Pierre Monteils, Roland Domergue, Alain Caradec, Jean Pellet, Antoine Captier, entre autres, et surtout bien sûr Henri Buthion dont il fut un ami proche, étaient des sources intarissables de rapprochements, de questionnements, de partages. Toute la réalisation de ce livre co-écrit avec Franck Daffos, est entièrement sous-tendue par cette démarche puissante de collectes de témoignages, d’enquêtes approfondies sur le terrain et de recherches fructueuses en archives, dont nombre de ces découvertes d’ailleurs, signalons-le au passage, profitèrent autrement pour publication, dans le plus grand anonymat, et sans que jamais personne ne se doutât de qui provenait assurément le filon…
C’est en fouillant patiemment, que l’on trouve les choses cachées.

La mémoire de « l’Affaire » possède une trace.

« Ainsi, Bérenger Saunière, jusqu’à sa mort, vécut dans la crainte que les véritables financiers du lieu, les Lazaristes, ne viennent lui demander des comptes… »

Franck Daffos

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La recherche sur Rennes-le-Château, ne se nourrit ni de phantasmes édulcorés, ni de douces rêveries plus ou moins schizophrènes, ni d’élucubrations à l’emporte-pièce constituées de sottes prétentions.
Bien que la tentation soit parfois grande, pour certains, de falsifier les sources primitives ou d’en construire de toutes pièces ; qui de sortir une maquette inattendue, qui de mutiler un diable boiteux, qui de repeindre des parties de détails du chemin de croix d’une église restaurée, qui de déplacer une tombe du cimetière ancien du village pour en faire un cénotaphe digne des plus grands dictateurs roumains, qui encore, ad nauseum, les escrocs et les falsificateurs de piètre talent… de prétendre voir des inscriptions imaginaires et des dates falsifiées, au recto d’un certain tableau de Rennes-les-Bains (1) !

Qui encore de s’approprier la recherche d’autrui…

Sans parler ici de la mode, de plus en plus partagée par les ignorants de l’énigme, de croire en la vertu d’une affaire de Rennes, qui ne dissimulerait sous ses jupes, strictement rien d’autre que du vent et une absence de bruit… Après tout, circulons il n’y a rien à voir à RLC ! – N’est-ce pas (2) ?

Que reste-t-il en fait, du Rennes que nous avons connu ?

A l’heure où un petit train à la Disneyland monte aujourd’hui, à flanc de colline, vers la tour Magdala pour déverser des flots ininterrompus de touristes payeurs de parkings, venus en tongs des quatre coins du monde, admirer « un mystère » beaucoup plus qu’un magnifique paysage audois, la substance, pour ne pas dire « l’essence » de ce que nous pouvons qualifier ce jour comme étant : « L’affaire de Rennes » se nourrit avant tout de recherches avérées, dûment recoupées et validées ensemble par la communauté des chercheurs ! Les antagonismes de personnes, les querelles de clocher, ne sont pas plus que poussière dans le vent, car au final, le temps, seul juge de paix, fera son office et remettra à qui de droit ses lauriers nimbés de félicité.

Les débris broyés d’une littérature surabondante, peinent en vérité à passer ne serait-ce que six mois de temps, aussitôt recouverts qu’ils sont par une nouvelle vague encore plus grande et déferlante de livres fumeux, encore, et de théories en tous genres. Et comme s’il n’en suffisait pas, l’Aude hérite maintenant d’un nouveau cataclysme, pour 2012, avec l’apocalypse annoncée au Bugarach (3).

Curieux hasard aurait dit l’abbé… ?

(…)

Le numéro 52 et l’ile aux trente cercueils.

« Je comprends que vous vous intéressiez tant à cette affaire : elle me passionne aussi. Mais il faut que je vous prévienne : cela présente un certain danger… »

Gérard de Sède

5-2.jpg Ce n’est pas tous les jours qu’une pièce essentielle du dossier dévolu à l’affaire de Rennes-le-Château ou, pour être plus précis, des « deux Rennes », est découverte et présentée à la communauté des chercheurs. Il est vrai que le tableau de Teniers dont parle Gérard de Sède dans son Or de Rennes, publié en 1967, était devenu une sorte de « serpent de mer » que nul – jusqu’à ce jour – n’avait pu exhumer de son antre. Mais c’était sans compter sur la ténacité des deux chercheurs de premier plan, que sont Didier Hericart de Thury et Franck Daffos.

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Si de son côté le tableau de Poussin était, somme toute, aisément repérable dans sa seconde version des Bergers d’Arcadie, celle de Teniers, compte tenu notamment de nombreuses versions, des dizaines de Tentations répertoriées de par le monde, était elle plus problématique à identifier…

(…)

Thierry E Garnier – Extraits de la Préface au livre de Didier Hericart de Thury – Franck Daffos – « L’OR de RENNES » – Quand Poussin et Teniers donnent la clef de Rennes-le-Château. Du codex Bezae à la vraie langue celtique, de la tombe de Madame de Blanchefort au petit parchemin, les Bergers d’Arcadie et la tentation de saint Antoine.Les Chroniques de Mars numéro 5, juillet 2011.

* * *

777-11-f46f5-2.jpg (1) Comme me le confiait, avec beaucoup d’humour, il y a peu Franck Daffos, à propos de plusieurs livres sur RLC, parus cette dernière décennie : « Ce sont des livres pour la plupart écrits sous pseudonyme, bien entendu, vides de recherches, où leur auteur ne propose strictement rien, se contentant d’enfoncer quelques portes ouvertes par d’autres depuis des lustres, du genre : « … suite à une enquête de 8 ans sur le terrain (entendez : en lisant chez moi les forums d’Internet), j’ai acquis la certitude que Pierre Plantard était un mythomane !… Avec bien entendu le sempiternel en la matière : « achetez mon livre qui démystifie Rennes-le-Château, il vous expliquera pourquoi il ne faut pas acheter de livres sur Rennes-le-Château… ». Le dernier en date d’un certain auteur totalement anonyme (heureusement) : « Luc Farin-Gélis » – encore un pseudonyme – va rester dans la bibliographie de RLC, comme un véritable sommet du genre ! « Cet auteur ayant pris nommément à partie Franck Daffos, dans son ouvrage – une réponse de Franck Daffos ne devrait pas se faire attendre, si nous sommes bien informé.

(2) Voir sur ce sujet la remarquable étude de Franck Daffos, publiée aux éditions Arqa, en 2008 : L’Affaire des Carnets – réponse à M. Octonovo, (page 81). L’histoire de cette escroquerie est particulièrement édifiante et archétypale du climat ambiant qui règne dans cette affaire. Le chercheur Philippe Duquesnois lui a d’ailleurs consacré un blog, entièrement sur le sujet et qui fait autorité

, site Internet qui reprend l’intégralité de cette forfaiture, dans ses moindres détails.

(3) Voir notre article : « Bugarach 2012, préhistoire d’un mythe moderne », sur le WebZine des Chroniques de Mars > Surnaturalisme. (www.editions-arqa.com).