« Notre cerveau, notre intelligence, ne sont peut-être pas structurés
pour comprendre ce phénomène. »

René Fouéré

Un livre somme en cinq volumes, intitulé « Phénomènes Spatiaux » vient d’être publié par le « Courrier du Livre », ce trimestre.

La Lettre de Thot, donne ce mois-ci la parole à notre ami et chroniqueur Michel Moutet pour un aperçu critique, comme il en a le secret, à propos de cette publication peu commune, qui ravira les spécialistes comme les néophytes…

Arcadia LDT

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Soucoupes volantes, OVNI, UFO…

Soucoupes volantes, OVNI, UFO, extraterrestres, etc. : des mots qui font rire, surtout ceux qui n’y connaissent rien. Mais ceux qui ont vécu pareilles mésaventures ne sont pas prêts de l’oublier, ni d’en rire. Ils aimeraient bien comprendre et savoir ce qui leur est arrivé.

C’est pourquoi, à l’époque, sur l’initiative d’un ingénieur de la société MATRA, René Hardy, le G.E.P.A. (Groupement d’Etudes de Phénomènes Aériens) fut créé en novembre 1962, avec à sa tête comme Président, de 1964 à 1970, le Général d’Armée Aérienne Lionel Max Chassin. Son but était d’étudier, de relever toutes les observations fortes, suivant l’expression de René Fouéré, secrétaire général et directeur de la publication, pour qu’il y ait une prise de conscience de la réalité de ce phénomène.

Si ce travail n’avait pas été fait, maints témoignages seraient tombés dans l’oubli. Pour sauvegarder cette recherche, toutes les publications du G.E.P.A. de 1963 à 1977 sont reprises intégralement dans 3 tomes, y compris les deux numéros spéciaux, Objets Volants Non Identifiés. Le plus grand problème scientifique de notre temps ? par le Dr JAMES E. MCDONALD et Les “Extra-Terrestres” par JADER U. PEREIRA.

Dans le 4ème tome, Pêle-Mêle sur les soucoupes volantes. Recherche sérieuse , passionnée, inachevée… des textes récents ont été ajoutés. Leurs auteurs ont tous un point commun : la curiosité, la connaissance du sujet, chacun avec sa particularité, faisant part de sa démarche et de son parcours ufologique. En particulier, l’étude de HENRI CHALOUPEK, Les débuts de l’ufologie en France. Souvenirs d’un soucoupiste.

Une bibliographie ufologique de langue française (CLAUDE MAUGÉ), différents index, chronologique, géographique (JEAN-PIERRE ROSPARS), des noms propres de près de 3500 entrées (MICHEL MOUTET) et l’ensemble des sommaires de Phénomènes Spatiaux forment un 5ème tome destiné à faciliter les investigations.

Tous ces documents apportent des éléments d’étude très précieux, de réflexion pour tous les chercheurs du présent et du futur sur ce mystère insolent.

Le Courrier du Livre édition © 2009

Y A-T-IL UNE VIE AVANT ROSWELL ?

par Michel Moutet

Passé l’amusement, la question surprend dans La lettre de Thot. Traiter d’ovnis est loin de son propos, même si certains auteurs ont jadis extrait du phénomène une indéniable dimension symbolique ou que d’autres ont trouvé de quoi raisonner par analogie, notamment avec le folklore.

Du petit peuple au démon, le pas fut aussi vite franchi, globalisation diabolique débouchant, d’une pirouette, sur une transcendance inverse.

Le phénomène se moquait de nous, pauvres humains, utilisant des armes psychologiques que nous ne pouvions concevoir. Utilisant même des « leurres » mimétiques pour mieux nous abuser.

S’ancrant dans un réel — aussi antinomique que ça puisse paraître — qui, de jour en jour, nous échappe un peu plus, on était alors bien loin de penser qu’une vague belge (tout le monde en a entendu parler) et ses ovnis triangulaires allait être l’expression d’un mimétisme géopolitique. Qu’un Roswell (encore bien plus connu), qui flirtait avec la désinformation, serait le linceul qui rendrait le phénomène « inexistant », et idiots, plus qu’ils ne l’avaient jamais étés, les gens qui s’y intéressent.

Que, pour parachever le tout, on réussirait à engluer la recherche dans le pot de la théorie du complot qu’on avait lourdement suscitée et fort bien entretenue depuis lors. Et qu’à ce titre, on pouvait se permettre de banaliser le mystère. Tant et si bien qu’en France, par exemple, maintenant que tout est fabulisé, on a fini par mettre en ligne des enquêtes jusqu’alors confidentielles. Plus de secret puisqu’il n’y a plus rien à cacher. On escamote la recherche au profit de la fonctionnarisation d’un phénomène qui n’existe pas ; c’est du vrai réalisme socialiste soviétique, une normalisation qui se cache sous des atours séduisants.

À partir de 1963, et jusqu’en 1977 où la maladie l’empêcha de continuer, René Fouéré, qui est par ailleurs le spécialiste français de Krishnamurti, efficacement secondé par son épouse, sut rassembler scientifiques et militaires, ainsi que de nombreux correspondants étrangers, au sein du Groupement d’Etude de Phénomènes Aériens et d’Objets Spatiaux Insolites. Le G.E.P.A. publia pendant toutes ces années une incontournable revue, Phénomènes Spatiaux, que Francine Fouéré essaie, en mémoire de son mari, en ultime hommage, de réunir en volume depuis maintenant près de dix ans. C’est enfin chose faite, à l’âge de 81 ans, grâce à une ténacité sans défaut, et de subtiles synergies. Et ledit volume est en cinq tomes sous coffret imprimé, pour un total impressionnant de 2652 pages.

Si les trois premiers tomes reprennent les numéros de Phénomènes Spatiaux, du bulletin qui précéda la revue, et de deux importants hors-série, le quatrième est confié aux plumes de beaucoup de ceux qui ont œuvré pour la connaissance du phénomène. Qui font là, à défaut d’un vrai point sur la question, tout au moins un point sur leur propre réflexion vis à vis du sujet ; sans que ce soit ennuyeux, bien au contraire.

Le cinquième tome, enfin, se révèle être un merveilleux outil de travail. Outre la réunion des sommaires des Phénomènes Spatiaux (qui apparaissent déjà de façon spécifique aux trois premiers tomes), on y trouve un index chronologique et un index géographique de toutes les observations rapportées, deux index des noms propres, pour un total de près de 3500 entrées, et, surtout, la bibliographie ufologique de langue française de Claude Maugé qui liste en détail, et par ordre alphabétique des auteurs, plus de 1000 livres sur le sujet (à jour au mois de juin 2008 !).

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il y avait déjà, et avant la Belgique, des ovnis triangulaires, même des carrés, des rectangulaires, plats comme des tapis volants, des cubiques aussi. Et des êtres de toutes tailles et de toutes morphologies. Ainsi que des non-êtres. Que vous découvrirez dans ces gros volumes.

Tout ça a « disparu » en moins de 50 ans ; ce qui démontre bien que l’objet de l’étude n’est pas « un folklore en cours de création », mais peut-être la mise au jour d’éléments répondant d’une logique différente.

René Fouéré, qui avait semble-t-il le sens du relatif, écrivait déjà : « Notre cerveau, notre intelligence ne sont peut-être pas structurés pour comprendre ce phénomène ».

Texte inédit de Michel Moutet © pour La Lettre de THOT – janvier 2009