La décadence de l’empire romain au Ve siècle de notre ère est due avant toute chose à une perte de contrôle des valeurs morales qui avaient été jusqu’alors le fondement puissant de la réalisation non pas d’un empire géographique, au sens strict, mais bien d’un territoire philosophique détenu en propre et en héritage par la pensée hellénique. La barbarisation catabolique qui découla de cette aventure singulière de l’Histoire des hommes, articulant de la sorte la pensée occidentale moderne, mettra mille ans à s’en remettre, d’Augustin d’Hippone à Giordano Bruno.

Par la magie des intersignes, n’est-il pas joyeux de constater alors que le pays béni qui fonda l’idée même de démocratie est celui qui se trouve être aujourd’hui au centre de l’écroulement de la civilisation moderne, asservie par l’orthodoxie libérale ? La connaissance de l’Histoire nous apprend que les grandes bornes milliaires qui jalonnent son évolution sont d’abord intrinsèquement liées à l’écriture, sa sapience et sa transmission, puis son décryptage ontologique ensuite. Pour faire sens encore, faut-il le souligner, la frontière magique entre histoire et préhistoire se trouve justement dans l’écriture elle-même, et plus tardivement, le passage entre l’écriture manuscrite des scriptoria médiévaux et la période faste de la Renaissance est l’invention typographique gutenbergienne.

Cette seconde révolution de l’écriture, aussi importante que la découverte du feu par les premiers hommes, permettra de transmuter le plomb en or et transformera définitivement les manuscrits enluminés en de vastes bibliothèques où le savoir humain commencera à se développer progressivement en de larges feuillages aux ramifications quasi-infinies, permettant dès lors de catégoriser les lois de l’Univers.

Plus loin, la transition entre le livre des encyclopédistes du siècle des Lumières et la crise du monde moderne, bien cernée par Guénon, inscrira au final la dématérialisation de l’écrit et son corollaire avéré : la dégénérescence neuronale assistée par ordinateur. C’est ce que l’on nommera le règne de la quantité et la troisième révolution du livre.

– Nâaannn… mais ALLÔOOOoo koiiii…. ?

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