Un très beau livre sur Athanasius Kircher, célèbre érudit de la Renaissance est paru en 2009 chez Actes Sud dans la collection l’Imprimerie Nationale (quel montage intéressant !) sous le titre « Athanasius Kircher, le théâtre du monde » de Joscelyn Godwin. Et pour tout vous avouer, il nous est passé absolument inaperçu, ce qui est ma foi fort rare pour un ouvrage de cette ampleur !

Si vous voulez connaître mieux ce personnage hors du commun, toutologue comme on dirait aujourd’hui, à la fois mathématicien, linguiste, archéologue, naturaliste, historien des religions, ingénieur, géologue… il a été le découvreur de nombre de phénomènes naturels, comme les taches solaires ou les anneaux de Saturne et a étudié le premier nombre de langues étrangères comme le chinois ou le sanskrit. Bref un érudit total comme la Renaissance a été la dernière période à en produire.

Mais comme le dit pudiquement sa biographie, ses erreurs sont à sa mesure, grandioses. Il n’a jamais cru que les hiéroglyphes véhiculaient une langue mais a maintenu, parfois contre toute évidence, qu’il ne s’agissait que de symboles. Ses traductions des textes sur les faces des obélisques égyptiens sont d’une poésie à couper le souffle… même si elles passent totalement à côté du message. Il est aussi resté jusqu’à la fin un farouche partisan du géocentrisme, bien plus politiquement correct à l’époque que les théories héliocentriques de Galilée ou Copernic. Ses théories sur les sciences naturelles reprennent à la lettre les textes bibliques et la génération spontanée est pour lui une évidence tant la puissance du souffle divin emplit le monde. Et je m’arrête ici pour ne pas l’accabler… Mais il parait qu’à cette époque, la notion de vérité n’était pas aussi rigoureusement scientifique qu’elle nous est imposée aujourd’hui et que si on arrivait à produire une théorie particulièrement esthétique, elle pouvait être considérée comme vraie rien qu’à cause de sa beauté, car elle reflétait ainsi la beauté du monde telle qu’il avait été conçu par Dieu. Quelle belle idée !

Cela dit, vous pourrez en apprendre bien plus sur le personnage en lisant une biographie, sans doute légèrement romancée, parue il y a quelques années sous le titre « Là où les tigres sont chez eux » de Jean-Marie Blas de Roblès qui obtint le prix Médicis pour son travail.

Un personnage fascinant qu’il est passionnant de découvrir un peu plus en profondeur.

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