In Memoriam

ROBERT AMBELAIN

Un Myste à secret de Lilith.

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Aphrodite !

Robert Ambelain, dans sa prime jeunesse, s’était épris à jamais de ce roman de mœurs antiques, jeté par Pierre Louÿs à la Belle Époque du symbolisme littéraire et de l’occultisme philosophique et ruisselant aujourd’hui encore de la vertu d’initiation qu’Ambelain y avait perçue. Avec sa passion coutumière et fort de son intuition perspicace, il évoquait d’habitude l’épisode crucial à ses yeux : Chrysis la courtisane, déesse de contrebande, tenant des deux mains les coins de son voile écarlate, monte la spirale de la haute tour vermeille.

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444-13.jpg La femme et la lumière imprègnent Aphrodite et le livre entier se veut de feu.

Récit d’un destin singulier et clef de tout destin ; plus qu’une histoire, l’histoire universelle du rêve et de la réalité. Le sculpteur tente d’animer la statue à partir du modèle, puis le cadavre du modèle inspire au sculpteur de le statufier. Or, l’œuvre d’art fait l’ultime prestige et indure l’angoisse : qui donc nous passera ce soir aux rives du Réel ?

Bilqis, reine de Saba, avatar trop fardé, celui-là, pourtant orné plus que déguisé, se défend à Flaubert et à Saint Antoine d’être une femme, car elle est un monde. Mais le monde tout d’images, sous volonté, prend-il sans raison l’image d’une femme ? C’est en jouant au-dedans puis au sortir d’une fantasmagorie que Robert Ambelain et ses rares élèves procédaient jadis aux ascensions personnelles et à l’assomption progressive du cosmos. Robert Ambelain, démiurge de l’Occulte, je l’atteste, mais aussi que ses écrits en héritage sont d’un théosophe parfois clandestin.

Pervigilium mortis, pervigilium vitae : la veillée mortuaire de Robert Ambelain, sur presque 90 ans, l’a préparé à la vie, sa veillée de vie l’a préparé à la mort. Conscience était, il est son mot d’ordre.

Écoutons le gnostique.

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Outre l’érotisme d’Astarté et l’amour de Psyché, entre les attributs capitaux d’Isis aux cent noms, règne l’affection, imitatrice et instauratrice, propre à l’Aphrodite d’en haut. La prostituée ne se peut réintégrer à moins de la grâce qui l’exalte et la sublime, mais toi, l’astrologue lunaire, le magicien des ombres multicolores et l’alchimiste auriférien, tu commenças par lever les masques de la déesse illusoire. Tu fus de Lilith le myste avant d’en être le mystagogue.

55-12.jpg (Et moi, j’ai fini, dans ta double mouvance, ô mon premier maître de divination et d’élévations, par distinguer, sur le zodiaque les deux Lilith horizontales. La Lune noire réclame, jusque sur son glyphe, et la Lune et la croix. Tantôt la Lune, au premier quartier, y accable la croix ; tantôt, au second quartier, celle-ci l’engendre. Ainsi la crise ponctuelle précède, suscite l’heureuse catastrophe de la planète furtive.)

Inversant l’inversion radicale du Grand Lunaire immonde, Lilith, le second satellite de la Terre a ouvert la carrière d’Ambelain. Quel train ! Il la requit de l’initier aux mystères sacrés qui damnent si le Saint n’en transmue la folie par sa Présence.

Ensuite il l’initia.

Quand Lilith, en effet, cesse d’être la femme impie, la femme se retrouve dans la grâce, elle-même source de grâce. Mais il n’est, en vérité, d’action effective à telle fin que du charisme, et le mystagogue de Lilith s’embaucha comme myste d’Aphrodite ouranienne et, la servit enfin d’une mystagogie effrénée.

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777-41.jpgLes amantes de mort pointent la Mère de vie. Levé, exorcisé le masque second de toutes déesses affranchies, Sophie rayonne comme le nom céleste de notre Mère, du Père et du Fils et de l’Esprit maternels, hors toute sexualité, Sagesse en Jésus-Christ. Cette seule Sagesse divine se reflète à la perfection dans la sagesse de créature et Myriam est son nom de femme. Notre luciférien haïssait Satan et il ne cessa de vouloir le combattre, qu’on ne s’y trompe, au risque de faire erreur sur sa personne et sur celle de son étoile matutine, « le rejeton et la postérité de David », dit la Révélation.

Robert Ambelain, enfant de Marie : merveille verbale d’ironie divine. Mais surtout miracle réel du Verbe incréé, car ce kabbaliste sauvage n’aspirait, dans l’énigme, qu’au Grand Homme dont le Christ est la tête et Marie le cou, qu’au Nouvel Homme qui est le Christ, fils de Myriam.

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Tournant avec les grandes murailles de pourpre, Aphrodite s’en allait vers le ciel. Le roman a tort d’imaginer qu’elle a manqué le terme, en refusant de la transfigurer. Robert Ambelain, malgré lui, malgré elle, dans un besoin mutuel et un commun désir, s’y en est allé à sa suite.

En route, commande notre meneur, en route vers la Jérusalem céleste.

Ces aventuriers-là partent toujours d’Alexandrie d’Égypte…

Robert Amadou – Hommage à Robert Ambelain © Le GRAND LUNAIRE – (extrait annexe 1) & Revue Arcadia, numéro spécial juillet 2002.

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Robert Amadou (1924 – 2006) avait, depuis l’année 1999, suivi avec grand intérêt les publications trimestrielles de notre petite revue de recherche Arcadia et, à notre demande, suite au décès de Robert Ambelain survenu en 1997, avait bien voulu répondre favorablement à notre initiative avec enthousiasme et nous avait donné autorisation d’édition de ce très beau petit texte en hommage à son ami et frère Robert Ambelain. S’ensuivit un échange de correspondances très fructueux dans bien des domaines, notamment sur la Pisitis Sophia.

Robert Amadou fait référence précisément, et entre autres, en évoquant LILITH dans son article, au livre d’Ambelain Éléments d’astrologie scientifique – Lilith, le second satellite de la Terre – Paris paru chez Niclaus en 1938. Les lettres hébraïques qu’avait voulu insérer Robert Amadou au sein de son hommage à Ambelain étaient pour lui véritablement essentielles, même si elles apparaîtront au premier abord comme une sorte de « décor », elles étaient en réalité tout autant empreintes de symbolisme que de vérités cachées et il les considérait comme un « talisman » à découvrir – (NDE).

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MARS EYE 2013

En 2013, Marseille est Capitale Européenne de la Culture, les éditions ARQA qui fêtent cette année leurs dix ans d’activités se devaient dans la continuité du travail déjà accompli de proposer à leurs lecteurs plusieurs ouvrages de qualité, avec des auteurs reconnus et surtout avec la présentation de nombreuses recherches et documents d’archives inédits. Avec les livres de Georges COURTS, Gino SANDRI et la Trilogie de Gil ALONSO-MIER sur les guérisseurs spirituels de la fin du XIXe siècle, Vignes, Schlatter, et Philippe de Lyon, voilà chose faite.

En souhaitant donc à tous nos lecteurs de très bonnes lectures !

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