777-43.jpg Je me nomme Meitamoun Othefo, je suis né à Tunis dans les années 1950, j’ai connu il y a déjà bien longtemps Gabrielle Carmi dans sa Massenie du Saint-Graal, au hameau de Toury, à Hermé, et j’ai été un de ses nombreux disciples. « Les Chroniques de Mars » et Thierry Emmanuel Garnier qui a mis à ma disposition ses propres archives, m’ont proposé de parler de l’enseignement donné par Gabrielle Carmi et de retrouver sa pensée. J’ai accepté. J’ai accepté car nous avons des Amis en commun : Dante Alighieri et Jacques Breyer.

* * *

I – Un soir à la Massenie.

gc.jpg Quand je passais à la Massenie , c’était juste pour les tenues ou alors pour rencontrer Gabrielle C’était en général dans la semaine que je pouvais me libérer et non le week end comme la plupart des membres. Or, il y avait à l’étage de la maison de Gabrielle, bien que mon souvenir soit encore assez flou, un petit cosi intégrant un lit dans lequel, elle mettait les archives qui concernaient la Massenie. Ici, j’ai dormi une fois ,car je ne pouvais plus rentrer ce soir là..il était trop tard..et je fus saisi par l’égrégore dans la pièce de Gabrielle et Jean Fortin qui était palpable. Cela ressemblait à une chaleur douce et persistante. Elle même me disait que parfois elle voyait dans la cour passer un moine , qui ne lui parlait pas. On sentait que cette Massenie était habitée par des entités qui se succédaient dans le temps des Massenies depuis le 13e siècle. Gabrielle avait vu plusieurs de ces entités qui semblaient vivre ici dans un autre temps. Certaines traversaient la maison, d’autres la cour, et toutes ne voyaient pas Gabrielle…

Cette nuit là , mon sommeil fut animé et j’avais révé que sur le fronton de la maison , il y avait des inscriptions sous le crépis du mur qui donnait sur la rue en retrait de la clôture. Gabrielle m’avait affirmé que c’était bien le cas , il s’agissait de signes défensifs pour protéger la maison de l’Ariole. Ces signes avaient plus de sept siècles …mais avec la restauration ? Ils n’étaient plus visibles. Ce fut donc de façon volontaire que Gabrielle les fit effacer ou occulter…

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Lors de son départ à l’orient éternel , la maison fut conservée par la famille, et je me disais , alors dans le temps qui fut le sien cette maison de siècles en siècles parlait à ses habitants. La famille qui en hérita devra un jour la revendre à un autre Ariole, à un autre initié qui prendra le relais, mais quand ? nous ne le savons pas. Le temple a son propre cycle à lui en dehors du temps humain. Et le mystère reste dans sa Rose ensanglantée du sang de Béatrice Portinari.

II – Un chat et des coqs…

222-22.jpg Un autre jour Gabrielle était absente et je suis allé à la Massenie… et la porte était close . Des voisins m’ont prêté les clés , je pensais que Gabrielle avait pu avoir un malaise avec son grand âge et je m’en inquiétais…

En entrant je ne vis personne seul son chat siamois qui dans le chambranle de la porte d’entrée du séjour s’agitait par soubresauts…, en train de convulser elle allait mourir semble-t-il, il se contorsionnait dans tous les sens , je suis donc venu uniquement pour « magnétiser le chat » qui ensuite se porta mieux. Cela a beaucoup fait rire Gabrielle, car ce jour là, je n’avais pas rendez vous avec elle. Est ce l’égrégore qui me parla ? je n’en ai aucune idée..la déesse Bastet est une amie et elle a du aussi probablement me demander de l’aide.
Nos frères animaux sont tout aussi vivants et spirituels que nous..vous allez le constater .Une autre fois Gabrielle demanda à une sœur de faire une planche .Cette sœur se nommait Wanda, elle était aveugle et proche de Gabrielle qui avait vécu aussi aveugle pendant de nombreuses années , ce qui créa une grande complicité d’amitié entre Wanda et Gabrielle, outre le cancer qu’elle avait contracté.. Wanda ne savait pas quoi raconter aux frères et sœurs. Et un jour elle annonça à Gabrielle que son texte était prêt.

Elle raconta donc avec célérité et amusement son conte moral..elle avait envie de pratiquer une spiritualité active malgré son esseulement, elle avait un coq avec lequel elle tenta de communiquer , de s’associer , d’avoir de la compassion et entamer un dialogue même avec un coq , ce qui lui fut difficile , car quand elle avançait d’un pas le coq reculait de deux, elle nous conta donc tous ses déboires amoureux , car le coq n’avait pas beaucoup de dialogue apparent et puis lassé elle s’avoua vaincu , elle n’était pas faite pour pactiser avec un coq…

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Le récit fit rire tout le monde… or, lorsqu’elle termina sa planche , un silence étrange et doux flotta dans l’air et la pièce fut étonnement silencieuse comme si l’on avait pris un bon repas et que le temps de ce silence nous fut nécessaire pour digérer nos rires. Après ce silence nous fumes complètement sidérés d’entendre tous les coqs des fermes voisines qui se mirent à chanter… les uns après les autres… et comme c’était un dimanche…, le calme le plus absolu était dans la nature…

III – Le Chant du Monde

Alors, au terme de mon récit, il faut croire ici que la matière et tout vivant semble apporter sa passion dans notre existant et notre étant… l’essentiel est ailleurs certainement, car c’est là finalement quand on est à l’écoute que le chant du monde peut nous parler… l’essentialité du monde à quelque chose à nous dire et veut peupler nos silences…nous croyons au Christ, à Bouddha, à etc., etc., mais quand s’égrène le temps du balancier sur la pendule ou la comtoise de nos grands parents, il faut aussi se rendre à l’évidence que le silence est parfois épais de significations invisibles.

Sir George Ripley, alchimiste anglais (c. 1415-1490), écrit :

« Les philosophes disent aux chercheurs que les oiseaux et les poissons nous apportent le lapis, chaque homme le possède, il est en chaque lieu, en toi, en moi, en chaque chose dans le temps et dans l’espace, il s’offre sous une forme vile vili figura».

Sous le soufre apparent du genre créé apparaît une vérité que le shaman, l’illuminé ou le clairvoyant voit…, l’Âme du monde est visible aussi pour le poète…

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C’est ainsi que Gabrielle à son tour par ses contacts avec le chevalier de Rampillon et ses visions nous initiait au mystère du monde à sa façon clairvoyante et nous présentait le mercure sensible invisible de l’égrégore, l’âme du temple sous le soufre grossier de l’histoire extérieure des mots et des faits assez vains de la vie. Elle nous conviait surtout à la grâce et à la vérité de l’âme mais aussi à la bonté des âmes. Combien de fois nous fûmes surpris lorsque nous apprenions les déboires non vertueux d’un dit « grand initié » du temple , ici ou là , avec ses coups bas , ses petites vilenies, alors qu’elle nous maintenait dans le clair désir d’amour, de maitrise de la pensée, de compréhension de notre âme victime de ses appétits… de ses illusions… de ses tristesses et de ses victoires.

La grande force amoureuse de Gabrielle, c’était sa très grande moralité, sa clarté de bonté et de pardon… et aussi parfois de ses reproches légitimes que nul être intelligent n’aurait pu contester, car elle nous guidait sur la voie des maîtres… celle du sacrifice conscient et non sur celles de nos appétits d’ordre humain…

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Finalement elle nous conviait au grand mystère de la croix qui rédempte les cœurs. Et c’est là ce que j’ai aimé en Gabrielle la force forte du Cœur… et sa haute moralité preuve que ses faiblesses étaient vaincues malgré la cruauté de sa cécité et de son cancer et homme je te le dis, frère ou sœur que le disciple contemple la voie véritable de « l’initiée » véritable au dessus des creusets vaniteux , des magies faciles et des vanités humaines de grands gourous non identifiés… passés, présents ou à venir… la vérité vous affranchira dit le Christ et Gabrielle vivait cette vérité et nous la transmettait par sa vie simple et courageuse devant l’adversité, la maladie, la cruauté parfois des sœurs et frères inconscients… avec une réelle grandeur d’âme, quelle chance avons-nous eu de rencontrer une « initiée » non factice…

MEITAMOUN OTHEFO © pour les Chroniques de Mars numéro 16, #2 – mars 2015 – TEXTES & PHOTOS droits pour le Web & autres versions, Arqa éditions – copyright K2Mars et M. Othefo.


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