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Chroniques de Mars // Parmi les connexions vraiment étonnantes que tu as pu faire, tu as découvert que Jules Verne, très bien introduit dans la haute société de l’époque, à un très haut niveau – il avait rencontré le pape, des chefs d’état et des têtes couronnées – avait eu une correspondance suivie avec un membre de la famille des Habsbourg – sans doute Jean Orth…

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On sait aussi qu’à un moment de sa vie, vers la fin, Jules Verne a volontairement brûlé une partie de sa correspondance – heureusement pas tout ! Ne peut-on pas voir ici, chez les Habsbourg, les principaux informateurs de Jules Verne pour ce qui est du mystère de Rennes, et a-t-il eu d’autres informateurs, tu en donnes plusieurs dans ton livre…?

Patrick Berlier // Je ne peux pas tout expliquer ici car cela fait l’objet de plusieurs chapitres dans mon livre, disons simplement que lors de son voyage en Italie en 1884 Jules Verne a rencontré Louis Salvator de Habsbourg, le frère de cet archiduc d’Autriche qui devait ensuite abandonner sa charge et voyager sous le nom de Jean Orth. Ils ont sympathisé puis entretenu une correspondance. Cette relation pouvait en effet constituer une source d’information de première main concernant Rennes-le-Château.

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Mais Jules Verne avait aussi rencontré dans les premières années de son mariage le père Lazariste Léopold Vannier, qui venait d’arriver à la congrégation de Paris, dont Jules Verne était le voisin. Ils ont correspondu pendant très longtemps, même après que le père Vannier ait été nommé à Notre-Dame de Marceille ! Le père Jean Jourde, qui l’a rejoint peu de temps après, devint aussi un informateur de Jules Verne selon toute vraisemblance. Jules Verne fait discrètement allusion à ces deux ecclésiastiques dans deux romans. Les écrits de l’abbé Lasserre, je l’ai déjà dit, sont aussi une source d’information pour Jules Verne, de même que le livre de l’abbé Boudet, voire Boudet lui-même… Voici, entre autres, pour les sources religieuses en provenance d’ecclésiastiques, sans doute les plus fiables et les plus précises pour la topographie ! Pour le monde plus profane, il faut citer les frères Arago, François – lié au Méridien de Paris comme l’on sait… – et Jacques, avec qui Jules Verne s’était pris d’amitié. Emmanuel Arago, le fils de François, revint s’installer sur la terre d’origine de sa famille, à L’Estagel dans les Pyrénées Orientales.

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Ce n’est pas si loin de Rennes-le-Château, et on peut penser qu’il fut une source d’information supplémentaire pour Jules Verne. Pour tous ceux-là la connexion est parfaitement avérée et recoupée, mais sans doute d’autres encore, assez nombreux, peuvent être évoqués… notamment les initiés de la Société Angélique, à Paris, évidemment, tel Delacroix et bien d’autres…

Chroniques de Mars // Il nous faut donc parler aussi, grâce à toi, de l’abbé Boudet bien sûr ! … et des parchemins de Rennes-le-Château ! Là aussi tes recherches sont vraiment exceptionnelles ! Commençons par des choses plus connues avec « La jangada », tu reviens sur une découverte déjà ancienne de Philippe Duquesnois mais tu apportes quelques précisions à cette démonstration ?

Patrick Berlier // Il m’est difficile d’entrer ici dans les détails car la démonstration est complexe et fort longue. Elle concerne le décryptage du « grand parchemin » – nous en avons longuement décrit le fonctionnement dans L’ABC de RLC. Disons pour ceux qui s’intéressent à cet aspect technique que Philippe Duquesnois, vrai découvreur de cette énigme, a en grande partie raison, hormis quelques subtilités mineures. « La jangada » exposait en 1881 – soit quatre ans avant l’arrivée de l’abbé Saunière à Rennes-le-Château – ce n’est pas rien ! – la méthode de cryptage/décryptage du « grand parchemin ». Pour la démonstration de l’ouvrage de Verne il faut se reporter à mon livre. Pour Jules Verne, en quelques mots, le thème central de « La jangada » est un cryptogramme, vital pour innocenter un condamné à mort, cryptogramme codé à l’aide du d’une variante du « carré de Blaise de Vigenère », et surtout d’un alphabet de 25 lettres sans W, comme pour le parchemin de Rennes-le-Château. Voilà pour faire court, mais il y aurait beaucoup de choses à rajouter. Je veux cependant insister au passage sur la définition du mot « jangada », qui appartient à la langue française. C’est un radeau de bois, muni d’une cabane…

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Dans le roman, le héros construit une très grande jangada, capable de transporter plus de 80 personnes, qui est avant toute chose un « train de bois », constitué de troncs d’arbres assemblées, lesquels seront vendus à l’arrivée. C’est la technique, répandue dans le monde entier, dite du « flottage des bois », les cours d’eau assurant le transport des grumes avant l’apparition de modes de transport plus sûrs comme le chemin de fer. Un détail qui aura son importance. Je laisse le soin aux lecteurs des « Chroniques de Mars » de décoder ceci – entre les lignes – quand ils auront le livre de l’abbé Boudet entre les mains…


Chroniques de Mars
// On en arrive maintenant à des choses vraiment incroyables !

Tu démontres, preuves à l’appui, qu’il y a des connexions directes, comme on vient de le voir en partie avec « La jangada », entre l’œuvre de Jules Verne et « la Vraie Langue celtique » de Boudet ! Je parle ici du livre – pas seulement de l’abbé Boudet. Ce qui n’avait jamais été constaté par aucun chercheur ! C’est une sacrée découverte ! Comme tu l’as fait pour Grasset d’Orcet et aussi pour « le Songe de Poliphile » de Colonna, tu as constaté qu’il y avait des « emprunts » pour ne pas dire des « plagiats » entre ces deux auteurs : Boudet et Verne !

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Et d’ailleurs les dates de publications coïncident exactement ! Rappelons que la « VLC » paraît en 1886…. Veux-tu bien pour les lecteurs des « Chroniques » nous en dire un peu plus sur ce sujet sans trop dévoiler bien sûr les passages de ton livre ? D’ailleurs un extrait inédit de tes recherches sur la VLC de Boudet avec les correspondances ignorées jusqu’ici de l’œuvre de Jules Verne sont à retrouver dans ce numéro, notamment en ce qui concerne la carte d’Edmond Boudet et une certaine carte publiée par Jules Verne… dans un de ses livres !

Patrick Berlier // Oui c’est exact ! Disons qu’en résumé, le thème secondaire de « La jangada », le flottage des bois sur l’Amazone, va trouver un certain écho cinq ans plus tard dans le livre de l’abbé Boudet, qui parle du flottage des bois sur l’Aude, avec un clin d’œil à Jules Verne ! Cela peut paraître incroyable mais c’est ainsi ! … Et une réponse sera apportée par celui-ci dans « Deux ans de vacances », deux ans, eh oui, après la parution de « La vraie Langue Celtique »… !

D’autres romans de Jules Verne étonnent aussi par certaines phrases ressemblant très curieusement, mots pour mots, à quelques passages de « La vraie Langue Celtique », ce que je démontre dans mon livre – citations à l’appui ! Je n’en dirai pas plus sur Internet, réservant la primeur pour mes lecteurs. L’œuvre de Jules Verne nous réserve décidément bien des surprises très étonnantes concernant l’affaire dite de « Rennes-le-Château » !

Chroniques de Mars // Pour conclure, il nous faut revenir un instant mon cher Patrick sur l’une de tes déclarations en ce début d’interview, et sur l’une de tes découvertes les plus incroyables… Tu as réussi le tour de force de retrouver dans les 80 livres qui composent l’œuvre de Jules Verne, en les reprenant tous un par un, et en restant attentif dans ta lecture évidemment, tu as retrouvé la fameuse signature de la Société Angélique, celle que tout initié de haute stature se doit de laisser dans son œuvre… « ET IN ARCADIA EGO ! »

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Il faut bien sûr se référer à Poussin, entre autres et à bien d’autres… C’est la preuve indubitable de l’appartenance de Jules Verne à la Société Angélique que tu as retrouvée ! Comment se fait-il que Jules Verne l’ait écrite noire sur blanc dans son œuvre et que personne ne l’ait jamais vue jusqu’à présent… ?

Patrick Berlier // Oui c’est exact, comme je le disais tout à l’heure, la formule latine signature de l’appartenance à la Société Angélique apparaît dans le « livre testament » de Jules Verne ! Les mots sont bien là, en toutes lettres, noir sur blanc ! En fait il y a des prémisses dans beaucoup de ses livres, après avoir biaisé pour ne la citer que de manière détournée, l’auteur, au soir de sa vie, se laisse enfin aller à la placer dans la bouche de l’un de ses héros.

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Et quel héros ! Un amateur de citations latines, comme Jules Verne. Certains auteurs peu regardants ou universitaires sectaires ont pu s’interroger sur la réalité et le bien-fondé de l’appartenance de Jules Verne à une société secrète telle que la Société Angélique. En lisant ou en relisant, dans l’ordre de parution, tous les romans de l’auteur, j’étais persuadé que, si tel était bien le cas, je finirais par en découvrir la formule signature. Quelle ne fut pas ma récompense en lisant enfin ces simples mots : « ET IN ARCADIA EGO ». Il s’agit ici d’une nouvelle preuve… Si besoin était … Enfin… tout n’est pas terminé et l’aventure continue… J’invite aussi les lecteurs à lire de près l’interview de Jules Verne dans ce numéro 17 des « Chroniques de Mars », on en apprend de belles sur la très curieuse « renaissance » de ce mystérieux écrivain passé en faisant le bien que fut Jules Verne… 110 ans après son décès !

INTERVIEW de PATRICK BERLIER pour les CHRONIQUES de MARS © No 17, Solstice d’été – juin 2015.

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