L’astrologie du moment présent : la Généthliomancie

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Depuis que les prophéties dument datées de Nostradamus, ont été, à la fin du XVIe siècle, dépouillées de tout appareil chronologique, le prophétisme vit le moment présent. Il n’a plus besoin de datation puisqu’il est sous entendu qu’il est censé avant tout servir de miroir de ce qui est en train de se passer, qu’il nous aide à comprendre le moment présent.

L’astrologie aura suivi cette même pente et désormais elle ne serait plus bonne qu’à nous aider à répondre aux questions qui se posent ici et maintenant. Elle aussi se trouve désormais cantonnée à traiter du moment présent et comme pour les Centuries, elle dispose pour ce faire d’une pléthore d’informations et de données, puisque le temps est écrasé par l’urgence de l’instant. Ce qui se déployait dans le temps se déploie désormais dans l’espace, ce qui permet d’appréhender le moment dans toute sa complexité au lieu de le mettre en perspective en en relativisant la spécificité. Cela s’appelle l’astropsychologie qui prend le relais de l’astrologie prévisionnelle et encore une astrosychologie du ressenti immédiat, laquelle réinterprète nécessairement le passé après coup et n’est guère en prise sur le futur, sinon en tant que projection du présent.

Tout cela ne se fait pas sans une déstructuration, une dislocation de tout l’appareil cyclique. C’est le triomphe du « thème » sur le cycle, le thème cette espèce de trou noir qui, bien que calculé par rapport à l’heure et à la date de naissance constitue un « tirage » qui sert avant tout pour discourir sur le présent. L’astrologie horaire est devenue la démarche dominante même quand elle se base sur le moment de naissance et non sur celui de la consultation. En fait, c’est du pareil au même, car en pratique comment l’astrologue pourrait-il faire autre chose que de se référer à la conscience présente, tant les gens tendent à réinventer leur passé, un passé qui a rarement une réalité objective.

2-23.jpg Depuis que nous observons les astrologues et cela a culminé dans l’aventure de Téléprovidence, avec plus de 600 praticiens interviewés ou s’exprimant dans des cours, des conférences ou des colloques, force est de constater que l’outil prévisionnel est devenu ingérable quand on l’appréhende dans sa globalité. L’astrologue n’est plus actuellement capable que de traiter du présent ou du futur à court terme. Au-delà, il n’a plus de visibilité, il est dans le brouillard. C’est ce qu’une approche ethnométhodologique nous enseigne par delà les discours tenus. Le non dit, c’est que les astrologues et ils le savent pertinemment sans vouloir se l’avouer sont saturés d’informations, tant les interférences entre les différents facteurs astronomiques s’entrechoquent et se contredisent. On va directement vers une astrologie qui ne fonctionnerait plus qu’au jour le jour car au-delà la pression astronomique devient trop forte. Sur une journée, cela va encore d’où d’ailleurs la tentation, depuis déjà longtemps, de pratiquer la technique des directions qui sont des extrapolations à partir du thème natal, sans passer par la succession des phénomènes astronomiques. Le rapport Astrologie-Astronomie c’est celui du « Je t’aime, moi non plus » tant l’astronomie étouffe l’astrologie en la surchargeant.

Pour celui qui connait un tant soit peu le modus operandi de l’astrologie, il est patent que les différents éléments du clavier astrologico-astronomique se gênent mutuellement et que l’on ne s’entend plus, dans un tel vacarme. La diversité même des cycles tue le processus cyclique, empêche que des phases égales structurent le temps astrologique. Cela fait belle lurette que l’astrologue a renoncé à contrôler quoi que ce soit au-delà de « quelques jours »… Il navigue à vue. Le temps astrologique s’est télescopé.

Heureusement, le client vit avant tout dans un certain sentiment d’urgence. Il n’a que faire des perspectives passées et futures au-delà des enjeux immédiats – passé récent, futur à quelques semaines, ce qui convient bien aux limites actuelles de l’astrologie. Ce n’est en effet qu’en recourant à des « fenêtres » très limitées que l’astrologue arrive à donner le change et à occulter la pression astronomique qui s’exerce sur lui. L’astrologue n’est plus un coureur de fond. Il ne peut plus l’emporter que sur de très courtes distances. Au-delà, il ne maitrise plus une réalité astronomique inextricable qui tire à hue et à dia, depuis qu’imprudemment il a accepté d’accueillir les planètes au-delà de Saturne et les astéroïdes qui pullulent entre Mars et Jupiter et dont la Tradition ignorait tout. Si bien que l’astrologue d’aujourd’hui s’est coupé de ses bases en laissant entendre que ses prédécesseurs ne disposaient pas d’outils valables. En fait, l’astrologie est passée sous la coupe de l’astronomie et en cela elle n’a pas progressé mais régressé, en renouant avec une astrosophie, consistant à interroger le ciel à un moment donné. Comme l’astrologue ne regarde plus le ciel du moment, c’est le thème natal qui fait l’affaire tout auréolé du caractère officiel des papiers d’état civil. Il faut donc qualifier l’astrologie de généthlialogie ou mieux encore de généthliomancie, à savoir un art divinatoire articulé sur le moment de la naissance et auquel Gauquelin a donné ses lettres de noblesse, dans les années 1550, à coup de statistiques, sans trouver de résultats au-delà de Saturne ni en ce qui concerne les positions zodiacales. Et de fait, l’astrologie du moment présent convient aux maisons et non aux signes. En gardant le référentiel zodiacal, l’astrologie brouille les pistes.

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– Dis moi quand tu es né et je te dirai qui tu es. Or, en tant qu’historien de l’Astrologie, nous ne pensons pas que l’astrologie ait été à l’origine une généthliomancie ou si l’on préfère elle s’est construite à côté de cette forme de divination qui a du exister de longue date lors de la naissance d’un prince ou d’une ville. Il n’y avait en revanche aucun intérêt à dresser le thème d’un quidam dont l’avenir était totalement indéterminé. On ne dressait que les thèmes des « dauphins ».

Relisons le manifeste de Jean Aimé de Chavigny qui, dans la Première Face du Janus François, sonnait le glas, il y a 400 ans, d’un prophétisme astrologique digne de ce nom :

Advertissement au lecteur : « Afin que tu ne sois trompé Lecteur (..) je t’avertis que sont plusieurs quatrains (…) qui sur le front portent le nom & tiltre de telle & telle année, qui n’est pas celle à qui le présage doibt estre véritablement donné, ni en laquelle il est advenu ou doibt advenir (mais) est celle en laquelle a esté fait le Prognostiq, dont j’ay tiré le quatrain etc ».

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Dans le cas de l’Astrologie, nul n’a formalisé l’évolution que nous avons décrite. On est toujours dans le double langage. On prétend grâce aux planètes lentes pouvoir traiter du futur, même lointain. Mais l’astrologue en 2012 en est réduit à s’en tenir à une configuration ponctuelle, à un moment donné, faute de qui il sature très vite tant les données s’entremêlent par le jeu des aspects et des changements de signes. Dans les années soixante, André Barbault a lancé l’idée-(cf les Astres et l’Histoire, Ed J. J. Pauvert, 1967) – sur laquelle il est d’ailleurs revenu par la suite- selon laquelle il n’importait plus de considérer de quelle planète on traitait, toutes les planètes, de Jupiter à Pluton, étant équivalentes ; on passait d’une approche qualitative à une approche quantitative – sans tenir compte des positions zodiacales- ce qui comptait c’était la configuration globale à un moment donné, ce qui permettait de calculer un coefficient, ce qui partait du principe, très contestable, d’une interdépendance des planètes alors que la pensée astrologique à l’origine tend à se centrer sur le cycle d’une seule planète dans ses rapports avec les étoiles fixes au cours de son périple et non sur les interactions entre planètes à un moment donné comme on le croit de nos jours.

L’Histoire de l’Astrologie est celle de la déchéance, comme disait André Breton, d’une Grande Dame devenue prostituée…

Jacques Halbronn © – Les CHRONIQUES de MARS – septembre 2012.

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